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7 février 2022.

Des scientifiques révisent à la baisse les stocks d’eau glaciaire de la planète

Selon un inventaire qu’ils ont réalisé en mesurant l’écoulement (...)

Selon un inventaire qu’ils ont réalisé en mesurant l’écoulement et l’épaisseur de plus de 200’000 glaciers du globe, des scientifiques sont arrivés à la conclusion que leur quantité de glace est inférieure de 20 % à celle que l’on avait calculée jusqu’à présent. Leur nouvel atlas donne, disent-ils, une image plus claire, mais encore imparfaite des ressources en eau de la planète liées à la glace. On peut raisonnablement penser que ces découvertes ne seront pas sans conséquences sur les estimations que l’on fera désormais de l’évolution des disponibilités de l’eau douce et de l’élévation du niveau des mers.

Cet atlas qui couvre 98 % des glaciers du monde, est le fruit d’un travail mené par des chercheurs de l’Institut des Géosciences de l’Environnement de l’Université Grenoble Alpes, en France, et du Dartmouth College, une université privée du New Hampshire, aux États-Unis. Leur étude vient d’être publiée dans la revue scientifique Nature Geoscience. [1]

Pour quantifier la vitesse d’écoulement et l’épaisseur de la quasi-totalité des glaciers de montagne de la planète (y compris dans des zones pour lesquelles on ne disposait jusque-là d’aucune cartographie précise mais sans toutefois prendre en compte les calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland), ils ont utilisé plus de 800’000 paires d’images acquises entre 2017 et 2018 par des satellites de la Nasa et de l’Agence spatiale européenne. Le traitement des données ainsi recueillies a nécessité plus d’un million d’heures de calcul sur les serveurs de l’université française.

Selon cette étude, de nombreux glaciers parmi les plus de 200’000 sites répertoriés et analysés sont moins épais que ce qui avait été estimé lors de recherches antérieures. Mais ces résultats ne sont pas uniformes : il y a moins de glace dans certaines régions (un quart en moins dans les Andes tropicales d’Amérique du Sud par exemple) et davantage dans d’autres (un tiers en plus dans l’Himalaya notamment). Restent cependant de nombreuses incertitudes. Les chercheurs conviennent d’ailleurs que l’image de la quantité d’eau réellement enfermée dans ces glaciers est loin d’être parfaite.

« Déterminer la quantité de glace stockée dans les glaciers est une étape-clé pour anticiper les effets du changement climatique sur la société, commente l’auteur principal de cette étude, Romain Millan, chercheur postdoctoral à Grenoble. Avec ces informations, nous serons plus proches de connaître la taille des plus grands réservoirs d’eau glaciaire et aussi d’envisager comment répondre à un monde avec moins de glaciers. »

Pour Mathieu Morlighem, professeur à Dartmouth et co-auteur de l’étude, le fait que de nombreuses régions du monde ont moins de glace que ce qu’on pensait aura des conséquences pour des millions de personnes : « l’eau potable, la production d’électricité et l’agriculture sont parmi les services essentiels qui seront impactés par ces résultats ». Faut-il aussi réviser les scénarios relatifs à l’élévation du niveau des mers ? On estime actuellement que la fonte des glaciers y contribue à hauteur de 25 à 30 %, soit 33 cm. Les nouvelles analyses semblent réduire ce potentiel aux environs de 25 cm. Des scénarios qui restent à vérifier en particulier là où les populations dépendent fortement des glaciers et dans les grandes zones littorales. (Sources : Institut des Géosciences de l’Environnement, Grenoble - Dartmouth College)




Notes

[1R.Millan, J.Mouginot, A.Rabatel & M.Morlighem. “Ice velocity and thickness of the world’s glaciers”. Nature Geoscience, 5, 124–129 (2022).

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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