Chaque année depuis 1993, la date du 22 mars est dédiée, dans le calendrier des Nations Unies, à la célébration de l’eau douce. Une manière comme une autre de rappeler à tout un chacun que "toutes les activités économiques et sociales dépendent d’un approvisionnement en eau douce de bonne qualité" et qu’une gestion durable des ressources en eau appelle une sensibilisation accrue du public.
Cette année, cette Journée a pour thème : "La réponse se trouve dans la nature". [1]. En clair : si l’on veut relever les grands défis que pose aujourd’hui la gestion durable de l’eau – en particulier : garantir sa disponibilité pour tous et l’efficacité de ses usages, préserver sa qualité et lutter contre ses dégradations, se protéger contre les événements extrêmes, sécheresses et inondations, liés aux changements climatiques – il importe de promouvoir des solutions basées sur les avantages qu’offre une bonne gestion des écosystèmes naturels comparée aux infrastructures habituellement prônées par les experts du génie civil.
"Les solutions fondées sur la nature, lit-on dans le dossier préparé par ONU-Eau, l’organisme de coordination des activités onusiennes autour de l’eau, ne sont pas la panacée face à l’énorme pression exercée par la croissance démographique sur les ressources en eau, mais elles peuvent constituer une approche novatrice et économique destinée à compléter des infrastructures hydrauliques vétustes ou inadaptées."
La plupart de ces solutions, y compris en milieu urbain, reposent en grande partie sur des "infrastructures vertes", c’est-à-dire des systèmes naturels ou semi-naturels – végétation, zones humides, plans d’eau, etc. - qui peuvent offrir les mêmes avantages ou presque que les "infrastructures grises" d’ingénierie civile (barrages, digues, drainages artificiels, usines de traitements, etc.). Faire beaucoup plus avec les atouts à disposition dans la nature et mieux les coordonner avec les solutions techniques traditionnellement mises en œuvre par le génie hydraulique, c’est le message que veut faire passer cette Journée mondiale de l’eau 2018.
Les solutions naturelles ne manquent pas
- Qu’il s’agisse de réguler l’approvisionnement en eau, de garantir sa qualité, et de se protéger contre les risques d’événements extrêmes comme les sécheresses et les inondations, les solutions fondées sur la nature ne manquent pas. Entre autres :
- le reboisement et l’entretien des forêts
qui ont une immense capacité de stockage d’eau ; - la conservation et/ou la restauration des zones humides
qui peuvent atténuer les crues et filtrer les substances polluantes ; - l’aménagement d’espaces verts
propices à la recharge des nappes souterraines ; - le raccordement des cours d’eau aux plaines inondables ;
- la création de zones végétales le long des cours d’eau ;
- le développement d’une agriculture de conservation
qui protège les sols de l’érosion ; - la promotion des toitures végétales
et des revêtements de sol perméables, etc ;
- le reboisement et l’entretien des forêts
- On notera aussi que ces formes de solutions naturelles présentent aussi des avantages en dehors du cadre des services hydrologiques : elles favorisent la préservation et l’amélioration de la biodiversité, créent des espaces de loisirs ou entraînent la création d’emplois.
Des barrages de sable
aux villes-éponges
Quelques exemples concrets permettent de mieux comprendre l’importance et l’utilité de l’une ou l’autre de ces "réponses qui se trouvent dans la nature" :
– Dans les zones arides, au Zimbabwe notamment, construire des murs de sable en travers du lit des rivières saisonnières ou intermittentes permet de constituer des réserves d’eau dont bénéficient à la fois les familles et les agriculteurs qui peuvent ainsi prolonger leur saison de culture et accroître leur capacité de production.
– Au Rajasthan, où la sécheresse et le déboisement ont entraîné un abaissement critique des nappes phréatiques, un millier de villages ont pu reconstituer des ressources d’eau souterraines en construisant de petites structures de récupération d’eau et en régénérant les forêts et les sols. Cinq rivières qui s’asséchaient chaque année après la mousson ont réapparu et la pêche y a repris.
– Sur tous les continents, l’agriculture de conservation est de plus en plus pratiquée. Elle repose sur trois principes : l’abandon du labourage ou un minimum de bouleversement des terres, la couverture permanente d’humus et/ou de plantes, la rotation des cultures. Résultat : avec un sol plus stable, la capacité de drainage s’améliore, le ruissellement est limité et la pollution des sources diminue considérablement.
– En Chine, suite au lancement officiel de l’initiative "Sponge City" (ville-éponge) visant à améliorer la disponibilité en eau dans les agglomérations, 16 villes-pilotes vont promouvoir l’aménagement de toits et de murs végétalisés, la pose de revêtements de sol perméables et l’aménagement de canaux de ruissellement et de filtration, de façon à recueillir un maximum d’eaux de pluie dans des lieux de stockage naturels où elles seront purifiées et pourront ensuite être réutilisées pour l’irrigation.
(Source principale de ces informations : ONU-Eau)