C’est à cette question que tente de répondre un rapport adopté en mai 2022 par le gouvernement fédéral. Celui-ci propose différentes mesures pour répondre au mieux aux futurs besoins de consommation d’eau, à commencer par la nécessité de la mesurer de manière plus précise. Il met aussi en évidence les conflits qui pourraient surgir lors de périodes de pénurie et appelle les milieux agricoles à revoir leurs pratiques d’irrigation en fonction des ressources en eau disponibles grâce à une production adaptée au changement climatique et aux conditions locales. Et il recommande aux cantons d’adopter un mode de gestion des ressources hydriques qui tienne compte des particularités régionales. [1]
Ce document est une réponse au postulat d’un parlementaire valaisan, Beat Rieder, qui en 2018 avait demandé au Conseil fédéral de faire le point sur la situation actuelle et future des disponibilités et des besoins en eau de la Suisse, la préservation et l’utilisation de l’eau, la gestion intégrée des eaux, les besoins d’infrastructures et la coopération internationale dans le domaine de l’eau. Le rapport gouvernemental aborde dans le détail chacun de ces points et rappelle les cinq objectifs qu’il s’était déjà fixés, quitte à les renforcer par des mesures supplémentaires.
1. Connaître les disponibilités en eau
actuelles et futures
La Suisse ne manque pas d’eau et ce sera encore le cas dans les années à venir malgré les changements climatiques. C’est en période estivale que la situation devient critique : le débit des cours d’eau s’amenuise, les épisodes de sécheresse deviennent plus fréquents et plus longs, les pics de consommation surchargent les services d’eau et les écosystèmes aquatiques connaissent des déficits d’eau dont pâtissent les animaux et les végétaux. Pour la plupart des usages de l’eau, on ne s’attend pas à de trop fortes augmentations de la demande, sauf dans l’agriculture : il faudra en effet davantage irriguer les terres et cela se fera à des périodes où l’eau sera moins disponible.
2. Améliorer les données sur l’utilisation actuelle
de l’eau et sur les futurs besoins en eau
On ne possède pas, en Suisse, de statistiques exhaustives sur les usages de l’eau. On a certes des données annuelles et des estimations fiables concernant la consommation dans les réseaux d’approvisionnement publics. Mais les chiffres font presque totalement défaut quant aux quantités consommées ou prélevées par l’industrie, l’artisanat et l’agriculture dans les eaux de surface ou souterraines. Dans ces conditions, il est extrêmement difficile d’établir des prévisions crédibles quant aux besoins futurs. Pour disposer enfin d’une "comptabilité de l’eau" digne de ce nom, la Confédération devra s’appuyer sur les cantons et leur fournir des méthodes et des outils appropriés pour collecter les données requises d’une manière efficace, coordonnée et harmonisée.
3. Augmenter la résilience
des écosystèmes aquatiques
Si les ressources en eau sont de bonne qualité écologique, elles seront davantage résilientes aux changements climatiques. Il importe donc de les protéger contre les prélèvements excessifs et contre les contaminations par des substances polluantes et des engrais. Les eaux de surface et les eaux souterraines doivent être maintenues ou remises dans un état aussi naturel que possible par le biais de renaturations, d’assainissement des installations hydroélectriques, d’aménagement de zones riveraines adapté aux eaux, de réduction de la pollution chimique des eaux, etc.
4. Renforcer la mise en œuvre de la planification régionale des ressources en eau
Ce sont les cantons qui ont la responsabilité de gérer leurs propres ressources en eau mais c’est à la Confédération qu’il revient de garantir une utilisation rationnelle des ressources en eau. Elle a besoin pour cela que les cantons la renseignent sur les mesures qu’ils prennent en période de sécheresse. Ceux-ci devront à l’avenir opter pour une gestion régionale et saisonnière de leurs ressources hydriques et communiquer régulièrement les informations relatives aux quantités d’eau disponibles sur leur territoire, aux besoins des ménages, de l’industrie et de l’agriculture en période de sécheresse, aux moyens mis en place pour améliorer le stockage et la répartition des ressources en eau, aux éventuels déficits d’eau et les conflits qu’ils ont pu générer, et aux mesures prises pour protéger les écosystèmes aquatiques.
5. Promouvoir le stockage naturel de l’eau
dans le bassin versant
L’un des moyens de lutter contre les effets négatifs de la sécheresse est de stocker naturellement de l’eau dans le bassin versant. L’un des objectifs affichés est donc d’améliorer la rétention de l’eau par exemple en revitalisant les sources, en inondant temporairement les drainages agricoles pour augmenter le stockage d’eau dans le sol ou en exploitant le potentiel d’usage multiple des lacs d’accumulation. (bw)