"Ces dernières décennies, lit-on dans la synthèse de cette recherche prospective, ont été marquées par une prise de conscience de plus en plus forte des pressions que l’être humain exerce sur l’eau et les milieux aquatiques et du nécessaire équilibre à maintenir entre ses besoins et la capacité de ces systèmes à y répondre. Si la préservation des milieux aquatiques et de l’eau ainsi que les risques qui lui sont liés, font l’objet de politiques publiques, leurs articulations avec les dynamiques et enjeux socio-économiques des territoires peuvent se révéler complexes et donc difficiles à appréhender."
Pour les experts impliqués dans cette réflexion commune, il s’agissait moins de fournir des données et des chiffres sur l’évolution des ressources et des demandes que de clarifier les enjeux, analyser les impacts sur les territoires et suggérer quelques "marges de manœuvre" que les responsables des politiques publiques de l’eau et des milieux aquatiques feraient bien d’explorer sans attendre.
Partant de l’hypothèse fort probable que "l’évolution future des territoires ne suivra pas une trajectoire identique à celle du présent" et que nombre d’incertitudes se font jour quant aux disponibilités à venir de l’eau, aux usages croissants et pressions de toutes sortes (surexploitations, pollutions, changements climatiques, etc.) sur cette ressource, ce groupe d’experts a opté pour la rédaction de cinq scénarios exploratoires qui vont de la poursuite des tendances actuelles au choix de technologies douces.
Scénario 1 : Tendanciel
Ce "scénario de référence" se caractérise par une poursuite des dynamiques mondiales, régionales et nationales équivalentes à celles de ces vingt dernières années. Il ne comporte aucune rupture majeure, qu’elle soit économique, sociale, écologique ou de gouvernance.
Scénario 2 : À vau l’eau, la crise
Dans ce scénario, le pays s’enlise dans la crise. Les revenus baissent, la précarité et les inégalités s’accroissent. Les préoccupations économiques et sociales prennent le pas sur les préoccupations environnementales : il faut s’attendre entre autres à une augmentation des pollutions organiques, à la détérioration des réseaux et des ouvrages, à l’accroissement des prélèvements hors réseau, ou encore à la surexploitation des nappes phréatiques.
Scénario 3 : Techno-garden, anthropisation
Suite à une intensification des événements climatiques extrêmes, les ménages davantage sensibilisés aux problèmes écologiques acceptent plus facilement de payer pour l’environnement à défaut de changer de comportement. Ce scénario devient possible dès lors que le pays sort de la crise et mise sur de nouvelles capacités technologiques et une plus grande maîtrise des risques.
Scénario 4 : Des régions solidaires ou solitaires ? Le local
Ce scénario, qui prend acte de la fréquence accrue des crises écologiques, se caractérise par une décentralisation des pouvoirs nationaux en matière de gestion environnementale, ce qui a pour conséquences, et le repli local à l’échelle des régions et la prise d’initiatives des acteurs locaux qui ne tiennent pas forcément compte de la cohérence nécessaire entre les territoires et qui engendrent d’éventuelles inégalités régionales.
Scénario 5 : Le choix des technologies douces
Ce scénario se caractérise par une suite de catastrophes écologiques majeures et d’événements climatiques extrêmes provoquant dans les opinions publiques une forte montée des préoccupations environnementales. Le respect des écosystèmes passe au premier plan, la priorité est mise sur le recours à des technologies douces, les usagers prennent conscience de la nécessité de restreindre leurs prélèvements et de veiller à la bonne qualité des ressources en eau.
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