Pendant des décennies, la gestion de l’eau potable des villes françaises de Lyon et Bordeaux avait été déléguée à des sociétés privées. Mais depuis le 1er janvier 2023, ce sont des régies publiques qui en ont désormais à nouveau l’entière responsabilité politique et technique. Ces deux villes rejoignent ainsi celles qui, à l’exemple de Paris, Grenoble, Nice, Rennes et autres, ont décidé de remunicipaliser leurs services de l’eau.
Eau publique
du Grand Lyon
De 1899 à 1986, la ville de Lyon a elle-même géré son alimentation en eau, mais au fil du temps elle a connu trois périodes de gestion déléguée à des sociétés privées : de 1853 à 1899 avec la Compagnie générale des eaux (qui a pris le nom de Vivendi en 1998, et plus tard de Veolia) ; entre 1986 et 2014, la Communauté urbaine passa des contrats de 30 ans avec Veolia et une société de distributions intercommunales ; devenue métropole en 2015 [1] et malgré une forte campagne en faveur du retour à la régie publique, Lyon délégua sa gestion de l’eau à une nouvelle société, "Eau du Grand Lyon", filiale de Veolia, avec un contrat de huit ans accompagné d’une baisse importante du prix de l’eau. Après les élections de 2020, le législatif de la Métropole se prononça en faveur de la reprise en gestion publique de la production et de la distribution de l’eau potable. Cette décision est devenue effective le 1er janvier 2023 et la société Eau du Grand Lyon est désormais une entité publique sous l’appellation Eau publique du Grand Lyon.
"Une gestion collective en bien commun et non marchande de la ressource en eau est un choix important pour garantir le droit fondamental d’accès à une eau potable de qualité pour toutes et tous", lit-on dans un guide pratique publié par la nouvelle régie. "Ce choix favorise une vision à long terme de la préservation de la ressource ainsi qu’une maitrise technique publique de la gestion. Il permet de répondre aux besoins du territoire, en renforçant les investissements sur les équipements, en protégeant les ressources en eau et en anticipant leur vulnérabilité face au changement climatique. C’est aussi un choix au service des usagers, qui seront associés aux décisions (…)".
La nouvelle régie lyonnaise en quelques chiffres : 1’325’000 usagers desservis, 4060 km de réseau d’eau potable, 90 millions de m3 produits chaque année au prix actuel de 3,21 euros le m3.
L’Eau Bordeaux Métropole
À Bordeaux, la distribution d’eau potable a d’abord été longtemps du ressort des services municipaux. Mais dès 1949, ce service fut concédé à une société privée, la Lyonnaise des Eaux, laquelle fusionnera plus tard avec la compagnie Suez (aujourd’hui Suez Eau France). En 1992, la Communauté urbaine de Bordeaux signa pour la gestion de l’eau un contrat de concession d’une durée de 30 ans qui arrivait à échéance en 2022.
Le 1er janvier 2021, la Métropole, qui a succédé à la Communauté urbaine, a opté pour une gestion publique des services d’eau et créé une nouvelle régie, L’Eau Bordeaux Métropole, qui dès 2023 est devenue opérationnelle pour l’eau potable, l’eau industrielle et l’assainissement non collectif. Elle a également pris l’engagement de ne pas répercuter les coûts sur les usagers durant cette année.
La nouvelle régie a pour ambition "d’encourager, grâce à des tarifs adaptés, une consommation maîtrisée tout en prenant en compte les publics les plus fragiles". Elle entend également développer une politique de gestion durable, répondre avec les autres services aux enjeux majeurs du territoire (changement climatique, protection de la ressource, biodiversité, transition énergétique, etc.).
La nouvelle régie bordelaise en quelques chiffres : 800’000 usagers desservis, 3138 km de réseau d’eau potable, 50 millions de m3 produits chaque année au prix actuel de 1,66 euros le m3.
(Sources : Eau publique du Grand Lyon / L’Eau Bordeaux Métropole)