Les manifestants répondaient à des appels lancés côté suisse par la Fédération suisse de pêche, de Pro Natura et du WWF Suisse, et, côté français, par le collectif SOS Loue et rivières comtoises. De part et d’autre de la frontière, on dénonce à la fois les hécatombes successives de truites, ombres et autres poissons, pour des causes qui restent en partie mystérieuses, et le manque d’action des autorités. Les deux cortèges se sont rejoints au milieu du pont qui enjambe le Doubs dans ce village frontière.
“La situation a empiré ces deux dernières années, explique Lucienne Merguin Rossé, spécialiste du Doubs chez Pro Natura, et les autorités font la sourde oreille. Les risques de pollutions cachées sont peut-être la cause de ce blocage, mais faire l’autruche ne fait qu’aggraver le problème.”
Thomas Ammann, du WWF Suisse, insiste sur la valeur biologique du Doubs et sur la nécessité de mener des efforts conjoints pour la protéger : “Nous devons coopérer et il est incompréhensible que les autorités n’acceptent pas l’aide des organisations de protection de la nature.”
Les pêcheurs eux aussi se sentent lâchés par les autorités et en ont assez à chaque visite qu’ils font à la rivière, de découvrir des poissons morts ou à l’agonie. Une exaspération qui s’est traduite, le jour de la manifestation à Goumois, par l’érection d’un ‘mur de la honte’ et le dépôt de nombreux poissons morts dont certains atteints par une mycose aux origines encore inconnues.
Ce rassemblement a mis en évidence plusieurs problèmes pouvant expliquer ces hécatombes, des éclusées brutales des quelques usines hydraulique construites sur le Doubs aux pratiques agricoles intensives. Mais compte tenu des particularités des roches calcaires de son bassin versant et de la difficulté, entre trous et fissures du massif jurassien, de déterminer avec précision et certitude l’origine des pollutions, ces problèmes ne pourront être résolus, disent les pêcheurs, qu’à condition de mener « des recherches beaucoup plus approfondies que les analyses standards ».
Dans son Téléjournal du 12 mai, la Télévision suisse romande (TSR) révélait que l’une des explications de ces pollutions mortelles pourrait se trouver du côté d’un dépôt de vieilles munitions datant de la première guerre mondiale et jetées au fond d’un gouffre de la région de Pontarlier. Un récent rapport confidentiel français, montré dans l’émission, fait état notamment de la présence dans l’eau de la grotte d’acide picrique, un composé chimique explosif extrêmement dangereux. Une information formellement démentie par le préfet du département du Doubs. (Sources des informations : associations, presse régionale, TSR)
(*) Long de 453 km, le Doubs prend sa source dans la commune de Mouthe, en Franche-Comté, s’écoule dans un premier temps vers le nord, effectue une brève boucle dans le canton suisse du Jura et, dès Saint-Ursanne, reprend son cours vers le sud, arrose Besançon et se jette dans la Saône à la hauteur de Verdun-sur-le-Doubs.