Le diagnostic du gouvernement valaisan est clair : les digues du Rhône sont vieilles et fragiles, le gabarit actuel du fleuve ne suffit pas à évacuer les crues et la majeure partie de la plaine est aujourd’hui sous la menace d’inondations. Quelque 50 000 personnes résident dans cette zone classée dangereuse, sans parler de celles qui viennent y travailler dans la journée. Quant à la somme des dégâts potentiels, elle dépasserait les 10 milliards de francs.
Le projet de correction validé en 2012 définit la variante d’aménagement du fleuve, son emprise sur les terres et fixe le délai de sa réalisation à 20 ans. L’investissement global pour ces travaux de sécurisation dépasse les 2 milliards de francs, soit plus de 100 millions par année. Le budget ordinaire des services cantonaux se révélant nettement insuffisant, au point que l’un des chantiers en cours a dû être stoppé faute de disponibilités budgétaires, le gouvernement valaisan a opté pour une ponction de 60 millions sur le fonds réservé aux grands projets d’infrastructure du 21e siècle. À une très large majorité (98 voix contre 24 et 2 abstentions), le législatif cantonal (Grand Conseil) vient de lui donner son feu vert.
À noter que la Confédération prendra à sa charge une part importante du financement de ces investissements jusqu’à une hauteur d’environ 700 millions de francs.
Mais le parti de droite UDC (Union démocratique du centre), dénonçant "une variante coûteuse et gourmande en terres agricoles et constructibles", a décidé de faire opposition à ce décret et de lancer un processus de référendum pour que "le peuple se prononce enfin sur un projet d’envergure pour le développement du Valais". Il aura trois mois, dès la publication du décret, pour récolter les signatures de 3000 citoyens et contraindre ainsi le gouvernement à le soumettre au verdict populaire.
L’UDC soutient par contre une variante qui, contrairement au projet officiel qui table sur un élargissement du lit du fleuve, privilégie son creusement de manière à restreindre l’emprise sur les terres agricoles (environ 300 hectares dans le projet officiel), malgré le fait que cette solution soumise à expertise a été jugée dangereuse pour la nappe phréatique et contraire à la législation. (Sources : État du Valais, UDC)
P.S. Le projet de référendum recueille
plus de 8’500 signatures
Le 5 janvier 2015, le comité référendaire opposé au décret créant un fonds spécial pour le financement du projet de la 3e correction du Rhône a déposé 8528 signatures, soit près de trois fois le nombre requis. Dans son argumentaire, le parti UDC, appuyé par différents milieux agricoles, affirme "qu’un autre Rhône est possible : en harmonie entre l’homme et la nature, en sécurité et en efficacité* et propose une variante "3x plus rapide, 3x moins chère et 3x moins gourmande en terres".
Le 30 janvier 2015, le gouvernement valaisan, prenant acte de l’aboutissement de ce référendum, a fixé sa date de votation populaire au 14 juin 2015. Il recommande d’accepter la création du fonds spécial, car il estime que son refus bloquerait le financement de toute mesure de protection de la plaine du Rhône, y compris des mesures urgentes attendues par les communes.