Ce procédé a fait l’objet d’un article dans la revue scientifique "Nature Materials" sous la signature d’une dizaine de chercheurs des universités concernées. Dans leur collimateur : le mercure, cette substance dangereuse qui s’accumule dans l’organisme des grands poissons prédateurs, comme le thon ou l’espadon, contamine la chaîne alimentaire et peut donc finir dans l’assiette des consommateurs.
"Le problème, explique dans un communiqué Francesco Stellacci, professeur en matériaux à l’EPFL et co-auteur de cette étude, c’est que les moyens de contrôle actuels sont trop coûteux et complexes. On surveille les taux dans l’eau potable de temps à autre, et si les résultats sont bons, on part du principe qu’entretemps les niveaux sont toujours acceptables."
Mais les rejets industriels ne sont pas toujours réguliers et, pour être vraiment efficace, il est nécessaire de disposer d’une technologie à la fois simple à mettre en œuvre et d’un coût abordable. Le procédé mis au point par l’équipe helvético-américaine répond à ces critères. Il a d’ailleurs subi des tests jugés très concluants dans le Lac Michigan et dans les Everglades, en Floride.
Il consiste à plonger dans l’eau une languette de verre recouverte d’un film de nanoparticules ’poilues’ capables de se refermer sur une particule dotée d’une charge positive. Comme la conductivité de ce nano-velcro croît proportionnellement à la charge de ions qu’il retient, il suffit alors de mesurer le courant électrique pour déduire la quantité de particules piégées. De plus, en jouant sur la longueur des nano-poils, il est possible de cibler avec plus ou moins de précision le type de polluant recherché.
Côté financier, la fabrication d’une languette coûte entre cinq et dix euros et le prix de l’appareil de mesure n’excède pas quelques milliers d’euros. Francesco Stellacci précise que les analyses peuvent être effectuées sur le terrain et que les résultats sont immédiatement disponibles, alors qu’avec une méthode conventionnelle, les prélèvements doivent être traités en laboratoire avec des équipements qui coûtent plusieurs millions d’euros. (Source : EPFL / "Nature Materials"
– Voir l’article "Ultrasensitive detection of toxic cations through changes in the tunnelling current across films of striped nanoparticles" publié le 9 septembre 2012 dans la revue "Nature Materials
– "Un nano-velcro pour détecter le mercure" - communiqué disponible sur le site de l’EPFL