Si la première enquête a en son temps provoqué un tel tollé parmi les élus locaux et les distributeurs, c’est – explique aujourd’hui l’association - en raison de l’opacité dans laquelle baigne le prix de l’eau et parce que les pouvoirs publics se désintéressent de la question. Cette fois-ci, UFC-Que Choisir annonce que tous les éléments de chiffrage de sa nouvelle étude proviennent de documents validés par des institutions officielles.
Cette seconde enquête porte sur 19 communes et syndicats de communes. La bonne nouvelle, c’est que certaines collectivités locales facturent l’eau au juste prix. Les bons élèves sont Annecy, Chambéry, Clermont-Ferrand et Grenoble, qui, toutes quatre, gèrent le service de l’eau en direct, sans recourir au privé. En sens inverse, UFC-Que Choisir pointe du doigt les grandes agglomérations urbaines qui pratiquent des prix souvent très abusifs. Les résultats de cette seconde étude « mettent en lumière les bénéfices faramineux réalisés par les deux entreprises, Veolia et Suez, qui se partagent l’essentiel du marché, et témoignent des inefficiences du service ».
Ainsi le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France continue de détenir la palme de la surfacturation, avec un taux de marge de 58,7 % : autrement dit, sur 100 euros facturés à l’usager, le profit du distributeur se monte à plus de 58 euros.
UFC-Que Choisir lance donc un appel aux maires : si la clé d’une meilleure gouvernance de l’eau est dans les mains des élus locaux, les maires doivent alors « envisager sérieusement l’opportunité d’un retour en régie publique. La menace de ce retour reste en effet le seul moyen immédiat d’accroître l’intensité de la concurrence. » L’association joint le geste à la parole : elle met à la disposition des municipalités une rubrique de son site internet et les invite à y inscrire en toute transparence leur version détaillée du compte de leur service. (Source : dossier et communiqué UFC-Que Choisir)
P.S. Une semaine après la publication de l’enquête de Que Choisir, le maire de Paris Bertrand Delanoë a fait savoir qu’il souhaitait confier "à un opérateur public unique" la responsabilité de la chaîne du cycle de l’eau à Paris. Actuellement la société Eau de Paris (SEM de la Ville) est chargée de la production et du transport de l’eau mais sa distribution est assurée par Véolia et Suez.
Par ailleurs, la révision du contrat entre le Grand Lyon et les sociétés de distribution d’eau Veolia et SDEI, filiale de la Lyonnaise des eaux, devrait aboutir à une baisse de 16% du prix du m3 d’eau au 1er janvier 2008. Le prix de l’eau à Lyon était jusqu’à aujourd’hui un des plus élevés de France : 2,95 euros le m3, dont 1,76 euro pour la partie distribution.