– « Le Canton de Vaud jouit d’une situation confortable et particulièrement privilégiée, disposant de plus de 100 km3 de réserves d’eau potable à proximité immédiate, à une distance de moins de 20 km de la plupart des utilisateurs. Il n’existe par conséquent aucun risque de pénurie d’eau effective.
– Il n’existe actuellement aucune indication scientifique liant une réduction importante des précipitations aux modifications climatiques. Par contre l’élévation avérée de la température moyenne augmente les problèmes de sécheresse estivale, entre autres par le phénomène de l’évapotranspiration, par une plus rapide fonte du manteau neigeux et par l’allongement des périodes sans précipitations.
– Les précipitations actuelles restent inchangées en valeur annuelle moyenne. Les importantes fluctuations enregistrées ces dernières années entrent dans la variabilité naturelle constatée par les relevés météorologiques historiques et peuvent être à l’origine de périodes de sécheresse passagères.
– Si le manque d’eau devait devenir régulièrement critique, notamment pour l’agriculture, il faudrait envisager d’aller chercher de l’eau d’arrosage là où elle est disponible en quantité, soit dans nos lacs et non dans les cours d’eau. Son utilisation et sa gestion seraient plus rationnelles.
– L’alimentation en eau potable doit être privilégiée. Dans toute la mesure du possible, il faut promouvoir l’utilisation des ressources locales, en général peu coûteuses et de très bonne qualité. Le recours à la potabilisation des eaux des lacs et leur pompage en altitude, en remplacement des eaux de source locales, n’est pas une solution durable (solution coûteuse et gaspilleuse d’énergie), ceci tant que la source n’a pas atteint sa limite.
– Le phénomène des changements climatiques se traduit par une élévation inéluctable de la température, contre laquelle on ne peut ni lutter, ni s’opposer, mais à laquelle on peut seulement s’adapter. Ainsi le tourisme de moyenne montagne verra diminuer l’épaisseur d’un manteau neigeux et celui-ci fondra de plus en plus tôt dans la saison. Le recours à l’enneigement artificiel augmentera et pourra être maintenu tant que les conditions climatiques le permettront.
– La production hydroélectrique pâtit forcément de l’absence d’eau. La production vaudoise, principalement assurée par des centrales au fil de l’eau placées sur des grandes rivières ou par pompage-turbinage des eaux du Léman, reste relativement peu affectée par la réduction des débits. La "petite hydraulique" est, quant à elle, beaucoup plus sensible au manque d’eau ; elle ne représente toutefois qu’une contribution modeste au bilan énergétique global.
- Des périodes de manque d’eau peuvent apparaître localement, lors de longues périodes sans précipitation. A ce jour, quelques communes du pied du Jura, naturellement très pauvres en sources (karst) ont souffert d’une rupture temporaire d’approvisionnement. Pour s’en prémunir, elles réalisent des ouvrages qui les mettront à l’abri de la pénurie. L’immense majorité des communes vaudoises, très fortement interconnectées, ne connaissent pas de pénurie.
– Le maintien d’un débit résiduel adéquat dans une rivière entre en conflit avec tous les autres besoins et c’est lors des étiages que la demande est maximale. Pour garantir le maintien d’un débit suffisant à la vie du cours d’eau, des solutions telles que les interdictions de pompage sont à ce jour effectives. D’autres (par exemple soutien à l’étiage) peuvent être envisagées.
– Après analyse, la situation n’apparaît pas suffisamment critique pour nécessiter la mise sur pied d’un plan cantonal de gestion de l’eau (…) Les autorités et les organismes de proximité disposent des compétences et des connaissances requises pour résoudre localement et à bon escient les problèmes. La Commission cantonale de gestion des ressources en eau dispose en outre des compétences et des connaissances pour intervenir et venir en aide, cas échéant, à des autorités locales en proie à d’éventuels problèmes. Le Conseil d’État propose de ne pas donner suite au projet de "plan cantonal de gestion de l’eau".
– (…) Dans un monde moderne et urbanisé, on ne peut réduire une rivière à son seul rôle de corridor biologique, de réserve d’eau pour l’arrosage, de ressource hydroélectrique ou de source d’approvisionnement d’un aquifère utilisé pour la consommation humaine.
– Aucun utilisateur ne saurait être privilégié au détriment des autres. L’eau doit être gérée de manière à ce que chaque utilisateur puisse en bénéficier équitablement, sous réserves de priorités. Pour parvenir à un tel résultat, il est fondamental de comprendre et approcher le fonctionnement d’un bassin versant de manière intégrée. »
(*) Ce Rapport "circonstancié" du Département vaudois de la sécurité et de l’environnement, daté d’octobre 2012, est disponible sur le site officiel du Canton de Vaud