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24 janvier 2013.

La Suisse officialise une nouvelle façon de compter les micro-organismes dans l’eau

Pour analyser la qualité bactériologique de l’eau, les (...)

Pour analyser la qualité bactériologique de l’eau, les laboratoires recouraient depuis plus d’un siècle à une méthode qui consistait à recenser à l’œil nu les colonies de bactéries présentes dans leurs échantillons. Après une dizaine d’années de recherches et de tests menés entre autres par l’Eawag (l’Institut de recherche de l’eau du domaine des Écoles polytechniques fédérales), l’Office fédéral de la santé publique vient d’inscrire dans son manuel des denrées alimentaires une méthode beaucoup plus rapide et performante : grâce à la cytométrie en flux, il est désormais possible, en quelques minutes, de déterminer le nombre total de cellules contenues dans un échantillon. La Suisse est le premier pays au monde à adopter officiellement cette méthode innovante.

L’eau contient naturellement de nombreux et différents micro-organismes. La majorité d’entre eux sont inoffensifs. Mais certains sont par contre absolument indésirables, rendent l’eau impropre à la consommation et peuvent se révéler très dangereux pour la santé. Les fameux coliformes que l’on recherche dans les analyses d’échantillons d’eau sont recherchés avant tout pour leur valeur indicatrice : ils n’entraînent généralement pas de maladies, mais si on en trouve en trop grande quantité, cela signifie que le liquide contient d’autres micro-organismes nuisibles.

Les défauts de la méthode traditionnelle

Pendant plus de cent ans et jusqu’à ce jour, la méthode de détection de ces bactéries a quasiment toujours été la même : on dépose l’échantillon d’eau à tester dans une petite boîte transparente contenant de la gélose, c’est-à-dire une substance nutritive favorisant le développement des bactéries ; le tout est ensuite incubé plusieurs dizaines d’heures à une température de 37° ; après quoi, au microscope, on décompte les colonies de bactéries qui ont proliféré durant ce laps de temps. Selon les normes en vigueur, le nombre de ces bactéries - appelées "germes aérobies mésophiles" - ne doit pas dépasser 300 colonies par millilitre.

Le problème avec cette méthode traditionnelle, c’est d’une part qu’il faut beaucoup (trop) de temps, parfois plusieurs jours, pour aller jusqu’au terme de l’analyse, et d’autre part qu’elle ne permet de dénombrer qu’une très petite partie seulement (souvent moins de 1 %) des germes présents dans l’échantillon, même si de cette manière il est tout de même possible la plupart du temps de détecter par exemple la majorité des problèmes de contamination fécale.

La nouvelle méthode standard :
la cytométrie en flux

La nouvelle méthode, dite de cytométrie en flux, qui vient d’être officiellement adoptée par l’Office fédéral de la santé publique, fournit une description beaucoup plus réaliste de l’état microbiologique de l’eau et permet désormais de compter la quasi totalité des cellules contenues dans un échantillon, et cela en quelques minutes seulement.

De plus, il est désormais possible par ce moyen d’affiner considérablement les analyses et de définir pour ainsi dire l’empreinte digitale de l’eau : si plus tard celle-ci venait à se modifier, ce serait alors une sorte de signal d’alarme annonçant une possible contamination dans les installations de potabilisation ou dans le réseau de distribution.

La cytométrie (du grec kutos, cavité, cellule) en flux est une technique relativement simple déjà utilisée depuis une vingtaine d’années dans le domaine médical. Si elle était peu appliquée jusqu’à présent en microbiologie, c’est en raison de la taille des bactéries qui les rendait plus difficiles à détecter que les cellules humaines.

Concrètement, les micro-organismes sont d’abord marqués par un colorant fluorescent, puis transitent l’un après l’autre dans un tube capillaire traversé par un rayon laser. Lorsque celui-ci touche une cellule, une partie de son rayonnement est déviée vers des capteurs et vers un logiciel qui les comptabilise en notant les différentes caractéristiques des cellules. Grâce à ce système électronique, il devient possible de dénombrer un millier de particules par seconde et un millilitre de liquide suffit généralement à l’opération.

Les avantages de la cytométrie en flux par rapport à la méthode traditionnelle de dénombrement de bactéries sont on ne peut plus évidents : cette nouvelle technique permet de gagner du temps (c’est primordial dès lors qu’il s’agit de protéger des vies humaines), d’accroître la finesse des analyses (100 à 10’000 fois plus de micro-organismes peuvent être détectés) et - comme cette méthode se révèle moins coûteuse que la précédente - de multiplier les points de contrôle à toutes les étapes de l’approvisionnement en eau (du point de captage jusqu’au robinet en passant par les usines de traitement, les réservoirs et les réseaux de distribution).

On peut également imaginer que dans un avenir pas très lointain on disposera d’installations d’analyse automatisées assurant une surveillance quasi permanente de la qualité hygiénique de l’eau. (bw / Sources : Office fédéral de la santé publique, Eawag)

 Pour en savoir plus
Qualité hygiénique de l’eau potable : nouvelles méthodes d’évaluation, Eawag News, décembre 2008 Voir >




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Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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