Le projet ACQWA (Assessing Climate impacts on the Quantity and quality of WAter), initié et coordonné à l’Université de Genève par le professeur Martin Beniston et son équipe, est l’un des plus grands projets européens coordonnés par la Suisse dans le contexte du 7e programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et le développement. Ce programme, doté d’un budget d’environ 11 millions de francs suisses, aura mobilisé pendant cinq ans une bonne centaine de chercheurs disséminés au sein de 37 institutions de 8 pays européens, ainsi qu’au Chili, en Argentine et au Kyrgyzstan.
ACQWA avait pour principal objectif de mieux comprendre les impacts climatiques potentiels sur les ressources en eau dans les régions de montagnes. Pour mémoire : 60 % environ des eaux de surface de la planète proviennent de ce type de régions. Le projet s’est tout particulièrement intéressé à quatre bassins versants - le Rhône (Suisse), le Pô (Italie), l’Aconcagua (Chili), l’Amu Darya et le Syr Darya (Kyrgyzstan) – pour en évaluer la vulnérabilité des ressources en eau, compte tenu du fait que le réchauffement climatique devrait fortement affecter leurs régimes hydrologiques.
Dans un deuxième temps, le travail des chercheurs a consisté à identifier les questions que l’évaluation de ces impacts climatiques pose aux gestionnaires de l’eau en termes de capacité d’adaptation des territoires et des mécanismes de gouvernance qui pourraient ou devraient être mis en œuvre. "Alors même qu’on dispose de nombreux principes en matière de gestion, de conservation et d’adaptation des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques, lit-on dans le rapport final (*), on manque d’orientations claires sur les mécanismes de gouvernance et sur les mesures concrètes réalisables, en particulier dans les régions de montagnes.
Plusieurs types d’impacts climatiques ont été passés sous la loupe dans le domaine environnemental (couverture neigeuse, recul des glaciers, cycles hydrologiques, espaces forestiers, événements naturels extrêmes) comme dans le domaine socio-économique (agriculture, hydroélectricité et tourisme notamment), étant entendu que ce ne sont pas seulement les régions de montagnes qui sont concernées mais également les zones de plaine qui dépendent largement des premières pour leur approvisionnement en eau et leur développement économique. En ce qui concerne la Suisse par exemple, les projections des chercheurs prédisent une hausse importante des températures (+2° d’ici à 2050), ce qui, entre autres, devrait conduire à une augmentation des besoins agricoles d’eau d’irrigation que les glaciers ne suffiront plus alors à satisfaire.
Dans leurs conclusions, les chercheurs de l’ACQWA soulignent le besoin évident de renforcer les approches globales et intégrées des usages et de la gestion des ressources en eau. Il faut désormais tenir compte de facteurs socio-économiques dont on faisait peu de cas jusqu’ici et s’interroger sur la compatibilité des politiques de l’eau et celles menées dans d’autres secteurs d’activité comme l’agriculture, l’énergie ou la production industrielle. (Source : ACQWA)
– Site web du Projet ACQWA (en anglais)