Cette composante Recherche et Éducation, explique Christian Bréthaut, responsable de sa mise en œuvre, a deux objectifs : “il s’agira, d’une part, de monter un réseau international et interdisciplinaire de recherches sur la gouvernance de l’eau, avec le souci que les résultats que nous publierons aient une incidence sur le monde réel ; nous voulons d’autre part, par le biais d’une plateforme internet, mettre des ressources pédagogiques scientifiquement fondées à la disposition d’un maximum de personnes”.
L’originalité de cette démarche réside dans l’approche politique des ressources en eau à travers la gouvernance. Entendez par là non seulement l’ensemble des mécanismes institutionnels, législatifs, réglementaires, économiques, sociaux et autres qui permettent de gérer ces ressources, mais aussi la manière d’impliquer réellement les populations concernées dans les processus de décision et de gestion.
Les enjeux sont énormes, précise Christian Bréthaut : “historiquement parlant, on a dans un premier temps essayé grâce à l’hydrologie de mieux comprendre la dynamique fluviale, on a pris ensuite conscience de la nécessité de développer des politiques environnementales pour protéger les ressources en eau, et aujourd’hui on se rend compte que les questions sociales et collectives sont elles aussi extrêmement importantes. Longtemps on a considéré la gouvernance de l’eau comme une sous-discipline, mais elle est maintenant en train de devenir un sujet de recherche en soi. Voilà pourquoi il importe désormais d’encourager les études scientifiques dans ce domaine et d’en diffuser les acquis.”
Il faut dire que pour le moment il n’existe pas vraiment de plateformes internet centrées sur cette question précise de la gouvernance de l’eau. Certaines organisations internationales proposent certes sur leurs sites différents programmes d’éducation et des outils pédagogiques dédiés à la ressource eau, mais ils l’abordent le plus souvent sous l’angle de l’hydrologie et des sciences naturelles. Les questions de gouvernance politique ne sont que trop rarement abordées.
Le site genevawaterhub.org qui vient d’être ouvert et qui devrait progressivement et régulièrement s’enrichir de nouveaux contenus proposera différents types de ressources destinées à une large audience : cela va par exemple de la vulgarisation grand public aux études de cas à l’intention de décideurs politiques en passant par des données bibliographiques utiles aux étudiants. On y trouvera donc tout à la fois des cartes thématiques interactives, des notes de synthèse et des prises de position sur des sujets précis (policy briefs*), des jeux de rôle (serious games*) à but pédagogique, des cours en ligne (MOOCs*), des interviews, des conférences (water talks series) dont les deux premières ont déjà été récemment organisées, etc.
On notera enfin que cette composante Recherche et Éducation fait partie intégrante de l’offre de l’Université de Genève et plus particulièrement de son Institut des sciences de l’environnement (ISE). Cela n’a rien d’anodin, explique Christian Bréthaut : “cela nous permet à la fois d’afficher notre indépendance scientifique et académique et de mener nos propres programmes de recherche sur des sujets qui semblent importants aux membres du réseau scientifique.”
Bernard Weissbrodt
(*) Outils pédagogiques et jargon académique :
– Policy brief : brève note de synthèse (3-4 pages), de lecture aisée, proposant des arguments et un état des lieux de la recherche scientifique sur un sujet précis.
– Serious game : outil informatique à visée pédagogique permettant de sensibiliser ses utilisateurs à des problématiques particulières et proposant l’acquisition de connaissances ou le développement de savoir-faire au travers de méthodes ludiques et récréatives qui font appel notamment à des situations fictives et des simulations de comportements.
– MOOC (massive open online course) : cours en ligne ouvert à tout un chacun offrant, sur un laps de temps déterminé et sur un mode interactif, des opportunités de formation au niveau supérieur et de validation des connaissances.