Dans la trentaine de pages qu’il consacre dans "Point(s) d’eau" à la poésie de l’eau et aux rêveries identitaires, Maxime Georgen, assistant à la Faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel, note que "la littérature dite ’alpestre’, symptomatique de l’existence d’un espace culturel suisse - au point qu’elle est souvent identifiée à une littérature ’nationale’ - fut aussi et d’abord celle des lacs et des torrents".
D’où le genre de questions posées crûment à ses lecteurs : les paysages jurassiens, sans eaux apparentes et donc en contradiction avec le mythe suisse, n’auraient-ils pas droit de cité dans la république des lettres ? le Jura peut-il être terre d’écriture ou ne serait-il appelé à exister littérairement que par contumace ?
Une chose est sûre. Dans leurs écrits, des voyageurs des siècles passés ne gardaient pas grands souvenirs des montagnes neuchâteloises, déplorant à l’instar de Lamartine l’absence de lac ou affirmant que le seul spectacle qui valait le détour était à chercher au Saut du Doubs.
Par contre, écrit Maxime Georgen, "ce que le visiteur demande au génie des lieux, c’est de lui montrer des Montagnons, des vrais (…) C’est cet habitant industrieux et sa victoire sur une nature adverse qui font l’objet de l’émerveillement de l’écrivain de passage".
Reste que plus tard, poursuit le chercheur, "suivant le cours du Doubs, les yeux s’ouvrirent lentement sur un espace poétique qui avait, enfin, trouvé son paysage, et le fleuve qui serait son artère ".
* Notes et citations extraites de
"Aux sources absentes,
Poésie de l’eau et rêveries identitaires",
par Maxime Georgen, assistant à la Faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel
dans " Point(s) d’eau", édité par la Direction des Affaires culturelles de la Ville de La Chaux-de-Fonds,
mars 2003, pages 101-129.