“L’impact de la corruption sur l’eau constitue une question centrale de gouvernance et, pourtant, elle est rarement abordée par les nombreuses initiatives politiques internationales visant à garantir le développement durable, la protection de l’environnement ainsi que la sécurité alimentaire et énergétique. Cela doit changer”, déclare Huguette Labelle, présidente de Transparency International.
Alors que les terres irriguées produisent 40% de la nourriture de la planète, la corruption dans les systèmes d’irrigation est croissante. Il est indispensable, selon l’organisation, de prévenir ce risque afin d’accroître la production alimentaire et de juguler la crise alimentaire mondiale. Exemple : en Inde, un pays au coeur de la crise, on estime que la corruption augmente au moins de 25% le coût des contrats d’irrigation. Les bénéfices servent à alimenter un système corrompu alliant pots-de-vin politiques et réduction de la qualité des contrôles. En fin de compte, les coûts d’investissement augmentent, les systèmes d’irrigation sont inefficaces et les petits exploitants souffrent tout particulièrement des carences en eau qui en découlent.
Dans le secteur de la distribution d’eau potable, le coût de raccordement au réseau, en cas de corruption, peut augmenter jusqu’à 30%. Ce genre de pratique survient à chaque point d’entrée de la chaîne d’approvisionnement. La corruption siphonne les investissements dans le secteur, accroît les prix et réduit les ressources. Résultat : les habitants pauvres de Jakarta, Lima, Nairobi ou Manille dépensent plus pour leur facture d’eau que les habitants de New York, Londres ou
Rome.
Les pays industrialisés ne sont toutefois pas immunisés contre la corruption qui gangrène les appels d’offres portant sur des contrats liés à l’eau dans des villes comme Milan, la Nouvelle-Orléans et Atlanta. De même, des cas d’ententes préalables en matière d’offres et de prix dans la construction d’infrastructures hydrauliques sont apparus en Suède, alors qu’à Chicago les budgets alloués à l’eau ont été détournés au profit de campagnes électorales.
Le rapport de Transparency International note aussi que la corruption dans la gestion de l’eau contribue à l’épuisement des ressources et favorise la distribution inégale de l’eau, ce qui peut provoquer des conflits politiques et accélérer la dégradation d’écosystèmes vitaux. En Chine, la corruption a affaibli la mise en oeuvre des réglementations censées protéger l’environnement, entraînant la pollution des nappes phréatiques dans 90% des villes et rendant plus de 75% des fleuves urbains impropres à la consommation ou à la pêche.
La corruption dans le secteur de l’hydroélectricité gonfle le coût des barrages et des projets connexes. Les programmes de réinstallation des populations déplacées deviennent plus problématiques en raison du détournement des fonds de compensations et des initiatives prises pour venir en aide à ces populations déplacées. (Source : Transparency International)