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25 juin 2008.

Une menace ignorée : la corruption dans le secteur de l’eau

Le "Rapport mondial sur la corruption 2008 : la corruption dans (...)

Le "Rapport mondial sur la corruption 2008 : la corruption dans le secteur de l’eau", publié par l’organisation Transparency International (TI), montre comment la corruption dans ce domaine peut à la fois être la cause et le catalyseur de la crise de l’eau qui menace GLOBALEMENT des milliards de vies humaines et accentuer la dégradation de l’environnement.

“L’impact de la corruption sur l’eau constitue une question centrale de gouvernance et, pourtant, elle est rarement abordée par les nombreuses initiatives politiques internationales visant à garantir le développement durable, la protection de l’environnement ainsi que la sécurité alimentaire et énergétique. Cela doit changer”, déclare Huguette Labelle, présidente de Transparency International.

Alors que les terres irriguées produisent 40% de la nourriture de la planète, la corruption dans les systèmes d’irrigation est croissante. Il est indispensable, selon l’organisation, de prévenir ce risque afin d’accroître la production alimentaire et de juguler la crise alimentaire mondiale. Exemple : en Inde, un pays au coeur de la crise, on estime que la corruption augmente au moins de 25% le coût des contrats d’irrigation. Les bénéfices servent à alimenter un système corrompu alliant pots-de-vin politiques et réduction de la qualité des contrôles. En fin de compte, les coûts d’investissement augmentent, les systèmes d’irrigation sont inefficaces et les petits exploitants souffrent tout particulièrement des carences en eau qui en découlent.

Dans le secteur de la distribution d’eau potable, le coût de raccordement au réseau, en cas de corruption, peut augmenter jusqu’à 30%. Ce genre de pratique survient à chaque point d’entrée de la chaîne d’approvisionnement. La corruption siphonne les investissements dans le secteur, accroît les prix et réduit les ressources. Résultat : les habitants pauvres de Jakarta, Lima, Nairobi ou Manille dépensent plus pour leur facture d’eau que les habitants de New York, Londres ou
Rome.

Les pays industrialisés ne sont toutefois pas immunisés contre la corruption qui gangrène les appels d’offres portant sur des contrats liés à l’eau dans des villes comme Milan, la Nouvelle-Orléans et Atlanta. De même, des cas d’ententes préalables en matière d’offres et de prix dans la construction d’infrastructures hydrauliques sont apparus en Suède, alors qu’à Chicago les budgets alloués à l’eau ont été détournés au profit de campagnes électorales.

Le rapport de Transparency International note aussi que la corruption dans la gestion de l’eau contribue à l’épuisement des ressources et favorise la distribution inégale de l’eau, ce qui peut provoquer des conflits politiques et accélérer la dégradation d’écosystèmes vitaux. En Chine, la corruption a affaibli la mise en oeuvre des réglementations censées protéger l’environnement, entraînant la pollution des nappes phréatiques dans 90% des villes et rendant plus de 75% des fleuves urbains impropres à la consommation ou à la pêche.

La corruption dans le secteur de l’hydroélectricité gonfle le coût des barrages et des projets connexes. Les programmes de réinstallation des populations déplacées deviennent plus problématiques en raison du détournement des fonds de compensations et des initiatives prises pour venir en aide à ces populations déplacées. (Source : Transparency International)



Infos complémentaires

Les trois principales recommandations de Transparency International :
 Etablir la transparence budgétaire et la participation du public comme principes directeurs à tous les niveaux de la gouvernance de l’eau et dans le monde entier
 Renforcer le contrôle de l’application des normes et de la réglementation
 Garantir une concurrence juste et équitable dans les appels d’offres pour les projets hydrauliques et renforcer les dispositions anti-corruption dans les législations et dans les contrats.

Liens

 Le site de Transparency International
 Le site de Transparence Internationale France

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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