Jörg Rieckermann est responsable de ce projet au Département de gestion des eaux urbaines de l’Eawag. Avec son équipe, il travaille actuellement à l’élaboration d’un modèle informatique utilisant les données du réseau de téléphonie mobile. Au point de départ, il essaie de tirer le meilleur parti possible de ce qui dérange les opérateurs de téléphonie mobile.
Il faut savoir en effet que les gouttes de pluie qui se trouvent entre deux antennes-relais perturbent le faisceau hertzien. Les chercheurs ont donc choisi de mesurer les modifications des signaux de transmission de données pour calculer l’intensité des pluies dans l’espace séparant deux antennes.
Comparaison de concordances entre un signal de téléphonie mobile et l’intensité des pluies mesurée par un pluviomètre (source : graphique Eawag)
Jusqu’à présent, les mesures traditionnelles par pluviomètres étaient faites sur des points uniques et relativement distants les uns des autres. De ce fait, explique Jörg Rieckermann, des précipitations très localisées pouvaient passer totalement inaperçues si elles se produisaient ne serait-ce qu’à une centaine de mètres du pluviomètre le plus proche. Quant aux analyses par radar sur une zone géographique plus vaste, elles perdaient de leur fiabilité notamment en cas de fortes précipitations.
Grâce à la grande densité du réseau suisse de téléphonie mobile, il devient possible de recueillir des données provenant d’une multitude de faisceaux hertziens entrecroisés et de retracer les évènements pluvieux avec une résolution spatiotemporelle nettement supérieure aux méthodes classiques.
Bénéficier d’analyses pluviométriques plus détaillées est d’une première importance pour la gestion locale des eaux de pluies. Dans les zones fortement urbanisées, les fortes précipitations provoquent souvent une surcharge du réseau d’assainissement, les eaux pluviales se mélangent aux eaux usées évacuées par les égouts, les bassins de rétention débordent et les eaux souillées se déversent dans le milieu naturel, entraînant avec elles dans les lacs et les cours d’eau toutes sortes de substances nocives diluées mais non filtrées.
Pour Jörg Rieckermann et son équipe, il paraît évident que le jour où l’on réussira à mieux quantifier localement ces précipitations, on pourra mieux réguler les systèmes d’évacuation et éviter une grande part des débordements d’eau polluée. C’est aussi une manière de se préparer aux changements climatiques annoncés. (Source : Eawag)