Selon l’étude publiée par l’hebdomadaire scientifique britannique ‘Nature’, les principales raisons de cet abaissement des aquifères des États du Rajasthan, du Haryana et du Pendjab, dans le nord-ouest de l’Inde, seraient à chercher non pas dans des changements climatiques (le régime des précipitations n’a guère changé durant la dernière décennie), mais dans les prélèvements croissants et excessifs des ressources en eau pour satisfaire aux besoins domestiques de la population et à ceux de l’irrigation des cultures : la recharge naturelle des nappes phréatiques ne compense plus la quantité d’eau qu’on y pompe.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs se basent sur des données recueillies entre 2002 à 2008 par deux satellites jumeaux de la mission GRACE (Gravity Recovery And Climate Experiment) qui arrivent à détecter les variations de la pesanteur générée par les fluctuations des masses d’eau, non seulement en surface, mais aussi en souterrains. Les chercheurs estiment ainsi que le nord-ouest de l’Inde aurait en six ans perdu quelque 109 kilomètres cubes d’eau, c’est-à-dire plus du double de la capacité du plus grand réservoir artificiel de l’Inde (barrage de l’Upper Wainganga).
Cette baisse des ressources souterraines en eau pourrait avoir de graves conséquences pour les quelque 114 millions d’habitants de la région tant en termes d’accès à l’eau potable qu’en rendement agricole, avec les conflits d’usage que de telles situations peuvent entraîner dans une région où les politiques de développement ont traditionnellement privilégié la culture du riz.
L’étude des scientifiques américains paraît deux jours après un rapport du gouvernement Indien mettant en garde sur l’éventualité d’une crise de l’eau. Une partie de l’Inde connaît en effet cette année une importante sécheresse en raison d’une mousson plus faible et plus tardive que d’’habitude. Les autorités se veulent cependant rassurantes : les stocks alimentaires devraient suffire à compenser tout risque de famine. (Sources : ‘ScienceDaily’/ University of California-Irvine, ‘Nature’)