Échos des 4e Doctoriales en sciences sociales de l’eau Lyon, 5-6 septembre 2019 - DOSSIER [6/6]
Petite escapade en soirée du côté des salons de l’Université Lumière Lyon 2 pour la présentation par leurs auteurs de deux ouvrages récemment parus sur des thématiques liées au domaine de l’eau. Ainsi que pour le récit circonstancié de Elsa Vanzande sur une aventure artistique autour du risque d’inondation.
–"Comment en est-on venu à dire, sinon à croire, que l’eau est un liquide incolore, inodore et sans saveur ?" se demande le philosophe Jean-Philippe Pierron en quête d’une nouvelle écologie [1]. Cette ressource ne serait donc plus regardée que comme un simple flux à gérer. On ne la vit plus, on l’utilise. Et pourtant on sait aussi qu’elle commence à manquer alors qu’elle est infiniment précieuse. Comment en est-on arrivé là ?
– En racontant l’histoire des "mésaventures de la rivière du Tempétueux" et s’inspirant de situations concrètes qui plantent le décor, Gabrielle Bouleau, chercheuse en science politique [2], tente de mieux faire comprendre, à un public de non-initiés, comment dans le domaine de l’eau le technique et le politique sont fortement imbriqués l’un dans l’autre depuis les premières esquisses d’un projet jusque dans son évaluation finale.
Une nuit d’inondation
Passer "Une Nuit" sous forme d’une aventure artistique autour du risque inondation, c’est ce qui a été proposé ces derniers mois dans plusieurs villes du bassin rhodanien français. Le spectacle-expérience imaginé par La Folie Kilomètre, un collectif de création en espace public, consiste à mettre en récit de manière poétique une situation de montée des eaux, de rassembler des spectateurs durant toute une nuit dans un gymnase transformé en centre d’hébergement d’urgence et de les questionner sur leurs perceptions du territoire, leur rapport au risque, à l’imprévu et au groupe. [3]
Balade fluviale et studieuse
À bord d’un bateau-promenade et sous l’experte conduite d’un géographe spécialiste en géomorphologie fluviale (Norbert Landon) et d’un historien spécialiste d’archéologie gallo-romaine (André Buisson), les participants de ces 4e Doctoriales ont eu l’occasion de remonter une partie des tronçons urbains de la Saône et du Rhône en passant par leur confluence, marquée désormais par la présence d’un déjà célèbre musée dédié au dialogue entre les sciences. Ils ont pu découvrir - en plus d’un patrimoine archéologique et architectural inscrit sur les listes de l’Unesco - quelques-uns des traits caractéristiques de la topographie et de l’hydrographie de la Presqu’Île lyonnaise, dont le sous-sol a gardé la trace du réseau de chenaux tressé jadis à la jonction de ces deux cours d’eau après le retrait des glaciers.
« Entre la ressource et la source, comment dire l’eau avec justesse ? Ni simple matière première corvéable à merci, ni élément originaire intimidant par sa mythologie, l’eau n’est-elle pas l’interface de l’humain avec les humains, les non-humains et la Terre ? Entre l’expérimentation du chimiste qui dit clairement la composition de l’eau mais en oublie l’usage, et l’expérience des usagers qui en vivent les troubles, les dangers et les surprises, y a-t-il une place pour une épreuve de soi et du monde qui dise l’eau au lieu de ne faire qu’en parler ? Ce lien existentiel à l’égard de l’eau qu’est la soif n’exprime-t-il pas une appartenance, reconnaissant l’eau non comme un bien mais comme un commun ? » (J.-Ph.Pierron, "La Poétique de l’eau".)
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Notes
[1] Jean-Philippe Pierron, "La Poétique de l’eau, Pour une nouvelle écologie", Éd.François Bourin, Paris, 2018, 192 pp.
[2] Gabrielle Bouleau, "Manuel d’analyse des politiques publiques à l’usage des ingénieurs et des urbanistes : Exemples dans le domaine de l’eau et de l’environnement", Presses de l’école nationale des Ponts et Chaussées, Paris, 2019, 124 pp. L’auteure a réalisé une présentation-animation vidéo de son ouvrage disponible sur youtube.
[3] En savoir plus sur le site du collectif dont est extraite l’affiche d’invitation au spectacle.
Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.
« Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")