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24 juin 2013.

États-Unis : des forages de gaz de schiste ont pollué des eaux souterraines

Des chercheurs américains de la Duke University de Durham (...)

Des chercheurs américains de la Duke University de Durham (Caroline du Nord) affirment avoir trouvé de fortes teneurs de méthane, d’éthane et dans une moindre mesure de propane, dans les nappes phréatiques proches des sites de forage de gaz de schiste dans la région de Marcellus, dans le nord-est de la Pennsylvanie. Selon eux, il ne fait aucun doute que les forages sont d’une manière ou d’une autre à la source de cette contamination. C’est la première fois qu’une étude scientifique avance la preuve d’une contamination directe d’eaux souterraines par ce type de forage.

Les auteurs de l’étude publiée dans la revue de l’Académie des sciences américaine (PNAS) et dirigée par le biologiste Robert Jackson révèlent avoir analysé 141 échantillons d’eau potable dans des puits de propriétaires privés. Ils ont constaté que les concentrations de méthane et d’éthane étaient en moyenne plus élevées dans les propriétés proches de moins d’un kilomètre de sites de forage de gaz de schiste (6 fois plus élevées pour le méthane - le principal hydrocarbure du gaz extrait de ces sites - 23 fois pour l’éthane, ainsi que du propane détecté dans 10 échantillons).

Les chercheurs ont examiné les différents facteurs pouvant expliquer le résultat de leurs découvertes : topographie, distance entre les puits d’eau et les sites de forage, caractéristiques géologiques, etc. La proximité des sites de forage, concluent-ils, est manifestement la principale explication de la contamination de l’eau potable des échantillons qu’ils ont prélevés. De plus, la teneur en méthane qui a été constatée dépasse nettement dans certains cas les 10 milligrammes par litre considérés par les autorités sanitaires américaines comme un seuil de préoccupation.

S’il leur paraît difficile de contester le lien entre ces relevés et la proximité de site d’exploitation de gaz de schiste, les scientifiques ne tirent pas de conclusion péremptoire quant aux possibles relations avec la technique de la fracturation hydraulique utilisée pour l’extraction des gaz de schistes, à savoir l’injection de millions de litres d’eau, sous de très fortes pressions, contenant des adjuvants chimiques, pour casser les couches rocheuses imperméables et ainsi libérer les hydrocarbures recherchés. Une part de ces eaux usées remonte à la surface avec les déchets de forage et le risque existe alors de contaminer les nappes phréatiques.

D’autres explications sont avancées qui, faute de preuves suffisantes, appellent d’autres recherches et d’autres vérifications : certains avancent par exemple de possibles défauts dans les installations des puits de forage telles leur mauvaise étanchéité ou leur possible dégradation au fil du temps. Pour les chercheurs, la question est donc de tenter de savoir ce qui se passe dans d’autres sites d’extraction de gaz de schiste. (Source : PNAS)

 Robert B. Jackson & all., "Increased stray gas abundance in a subset of drinking water wells near Marcellus shale gas extraction", Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), published online June 24, 2013. Voir >


 P.S. Genève dit non à l’exploitation du gaz de schiste. Le 26 juin 2013, le gouvernement genevois, en réponse à une motion parlementaire lui demandant de s’opposer par tous les moyens à disposition à l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, a décidé de lui donner suite afin de protéger les ressources en eau du canton des éventuelles pollutions pouvant survenir lors du recours aux techniques de fracturation hydraulique. Cette interdiction sera introduite dans le projet de révision de la loi sur les mines, actuellement à l’étude.




Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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