Les auteurs de l’étude publiée dans la revue de l’Académie des sciences américaine (PNAS) et dirigée par le biologiste Robert Jackson révèlent avoir analysé 141 échantillons d’eau potable dans des puits de propriétaires privés. Ils ont constaté que les concentrations de méthane et d’éthane étaient en moyenne plus élevées dans les propriétés proches de moins d’un kilomètre de sites de forage de gaz de schiste (6 fois plus élevées pour le méthane - le principal hydrocarbure du gaz extrait de ces sites - 23 fois pour l’éthane, ainsi que du propane détecté dans 10 échantillons).
Les chercheurs ont examiné les différents facteurs pouvant expliquer le résultat de leurs découvertes : topographie, distance entre les puits d’eau et les sites de forage, caractéristiques géologiques, etc. La proximité des sites de forage, concluent-ils, est manifestement la principale explication de la contamination de l’eau potable des échantillons qu’ils ont prélevés. De plus, la teneur en méthane qui a été constatée dépasse nettement dans certains cas les 10 milligrammes par litre considérés par les autorités sanitaires américaines comme un seuil de préoccupation.
S’il leur paraît difficile de contester le lien entre ces relevés et la proximité de site d’exploitation de gaz de schiste, les scientifiques ne tirent pas de conclusion péremptoire quant aux possibles relations avec la technique de la fracturation hydraulique utilisée pour l’extraction des gaz de schistes, à savoir l’injection de millions de litres d’eau, sous de très fortes pressions, contenant des adjuvants chimiques, pour casser les couches rocheuses imperméables et ainsi libérer les hydrocarbures recherchés. Une part de ces eaux usées remonte à la surface avec les déchets de forage et le risque existe alors de contaminer les nappes phréatiques.
D’autres explications sont avancées qui, faute de preuves suffisantes, appellent d’autres recherches et d’autres vérifications : certains avancent par exemple de possibles défauts dans les installations des puits de forage telles leur mauvaise étanchéité ou leur possible dégradation au fil du temps. Pour les chercheurs, la question est donc de tenter de savoir ce qui se passe dans d’autres sites d’extraction de gaz de schiste. (Source : PNAS)
– Robert B. Jackson & all., "Increased stray gas abundance in a subset of drinking water wells near Marcellus shale gas extraction", Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), published online June 24, 2013. Voir >
– P.S. Genève dit non à l’exploitation du gaz de schiste. Le 26 juin 2013, le gouvernement genevois, en réponse à une motion parlementaire lui demandant de s’opposer par tous les moyens à disposition à l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, a décidé de lui donner suite afin de protéger les ressources en eau du canton des éventuelles pollutions pouvant survenir lors du recours aux techniques de fracturation hydraulique. Cette interdiction sera introduite dans le projet de révision de la loi sur les mines, actuellement à l’étude.