L’objectif de la Charte de l’Eau du Bassin du Niger, qui comprend 37 articles, est de favoriser « une coopération fondée sur la solidarité et la réciprocité pour une utilisation durable, équitable et coordonnée de la ressource en eau du bassin versant hydrographique du Niger ». Les neuf États s’engagent ainsi à respecter un certain nombre de principes fondamentaux, notamment :
– la participation des populations concernées
– l’utilisation équitable, raisonnable et non dommageable des ressources en eau
– le maintien de la quantité et de la qualité de ces ressources aux plus hauts niveaux possibles
– la préservation, la protection et l’amélioration des écosystèmes aquatiques et des zones humides
– la réduction progressive de la pollution transfrontière
– la prévention et l’atténuation de situations dommageables comme les inondations, les sécheresses, l’ensablement et les changements climatiques
– l’application des principes pollueur-payeur et préleveur-payeur
– le recours aux meilleures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable
– etc.
Un fleuve à l’agonie
Le programme d’investissement adopté à Niamey se décompose en pas moins de 639 actions qu’il faudra mener en quatre plans quinquennaux jusqu’en 2027. Il s’agira principalement de reboiser les berges du fleuve, de récupérer les plaines dégradées et de désensabler le bassin moyen comprenant la boucle du Niger au Mali, le nord-est du Bassin au Burkina Faso et la rive droite du fleuve au Niger, en amont de Niamey. Seul un cinquième des fonds du programme sont actuellement acquis, le reste devrait être mobilisé lors d’une réunion des bailleurs de fonds prévue en juin prochain.
Il y a grande urgence. Le débit du fleuve a baissé de 20 à 55% au cours des 40 dernières années, en raison notamment des changements climatiques et de la pression démographique. Et le constat global est alarmant :
– étiages sévères et ensablements
– végétaux flottants et pollutions industrielles
– navigation et reproduction des poissons quasi impossibles faute de débits suffisants
– extrême pauvreté des populations riveraines
– sous-exploitation des potentialités agricoles du bassin
– conflits inter-communautaires autour des rares points d’eau.
À quoi s’ajoutent des prévisions peu optimistes : on s’attend dans la région non seulement à un doublement de population dans les vingt années à venir, mais aussi à un afflux massif de "réfugiés écologiques", donc à des occupations de terrain anarchiques et à une surexploitation des ressources.
L’Autorité du Bassin du Niger qui regroupe ces neuf États riverains ne paraît pas en mesure, avec ses seuls moyens, de relever tous ces défis et les actions isolées des gouvernements sont inefficaces pour empêcher le fleuve de courir à sa perte.
(Sources : communiqué officiel, projet de Charte, agences)
Carte et illustration : Niger-Hycos/OMM