Pendant trois années, Nicolas Crispini, a parcouru rives et grèves de son canton natal. Il l’a fait en promeneur attentif, captant le spectacle sans cesse changeant des cours d’eau, des lits pierreux, des rives lacustres, des étangs, des arbres et des racines, de la vague et de l’écume. Il en résulte de pleines images de milieux naturels et sauvages à l’aspect parfois chaotique, que le photographe organise et structure en choisissant ses cadrages.
Nicolas Crispini se réclame de la « nouvelle topographie » américaine, faisant des environnements naturels le matériau même de sa photographie, cadrant dans la proximité, au fil de l’eau et au plus près du terrain, jouant avec les matières, les structures, les géométries, « réinvente le lieu sans y toucher ». Il inscrit la date et l’heure de chaque prise de vue, renvoyant ainsi à l’expérience de l’éphémère, de la transformation, du renouvellement de l’élément liquide.
Dans la salle comme dans le livre, Nicolas Crispini présente également une large sélection tirée de « Sites et paysages genevois » publié en 1919 par Fred Boissonnas, appelant ainsi le visiteur et le lecteur à comparer, par delà les décennies qui les séparent, deux démarches photographiques fort différentes.
L’exposition est également complétée par deux installations sonores de Christoph Bollmann spécialement réalisées pour cette exposition : dans la petite salle voûtée contiguë, une voix off, égrène nos préoccupations contemporaines au sujet de l’eau alors que dans la citerne du XVIIe siècle (qui déjà mérite en soi le détour) une goutte d’eau égrène le temps qui passe.