Bonou, à une centaine de kilomètres au sud-est de Porto-Novo, dans la basse vallée de l’Ouémé, le plus long des fleuves béninois. Cette commune à vocation agricole et piscicole non seulement jouit de conditions climatiques enviables, mais elle s’enorgueillit de nombreuses sources d’eaux thermales. Des sources nées de forages dans le bassin sédimentaire côtier du Sud-Bénin, riche en eaux minérales, géologiquement parlant.
On connaît les paramètres physiques des eaux de source de trois villages : Atchabita, Assrosa et Ahouanzoumè, mais pas leur composition chimique détaillée. Si cela pouvait être fait, peut-être serait-il alors indiqué de les exploiter à des fins thérapeutiques, curatives et - pourquoi pas ? - touristiques. De quoi amener la prospérité économique dans cette commune vidée de ses populations par l’exode rural. Rien de tout cela pour le moment. Les prélèvements d’eaux sont destinés uniquement à la consommation.
Même les bébés les apprécient
Les natifs du lieu ne tarissent pas d’éloges à l’égard de ces sources d’eaux chaudes qui coulent sans arrêt, de jour comme de nuit et durant toute l’année. Ils apprécient aussi bien leurs propriétés gustatives, leurs vertus thérapeutiques, curatives que leurs usages domestiques. Ils disent par exemple qu’en plus d’être agréables à boire elles facilitent la digestion, qu’elles font dormir les bébés après leur bain et qu’elles moussent bien à la lessive. Tout cela, évidemment, sans le moindre traitement chimique ni physique. Ce qui fait dire à ceux qui en bénéficient que ces sources sont "la médecine que la terre leur a donnée".
Encore faudrait-il, pour confirmer ces propos élogieux et pour en tirer tout le potentiel économique et social, que l’on procède en laboratoire à des analyses physico-chimiques et bactériologiques plus poussées et exhaustives. Il n’est pas impossible qu’elles constituent de véritables trésors de santé. En attendant, elles continuent de s’écouler sans que rien ni personne ne puisse les arrêter. Ce qui laisse un amer sentiment d’abandon et de gaspillage de ressources naturelles fort précieuses.
Les populations n’ont pas non plus les comportements souhaités et s’installent sur les sites de captage pour y faire vaisselles et lessives. Autres menaces et non des moindres, les fréquentes inondations dont la vallée fait chaque année la pénible expérience. Si on n’y prend garde, elles pourraient souiller définitivement la qualité de certaines des eaux thermales et les disqualifier de tout usage.
Des ressources qui réclament protection
On ne sait que faire des eaux thermales de Bonou. Ni de beaucoup d’autres ailleurs au Bénin. On en a recensé plus de 200 qui, à peu près toutes, donnent une impression de trésors en déshérence, ignorés, négligés, menacés de pollutions alors même que l’accès à l’eau potable n’est pas encore, et loin de là, une réalité pour tout le monde. Une seule, l’eau minérale naturelle de Possotomè, est judicieusement exploitée et connue au-delà des frontières du pays.
Il n’est pas concevable d’un point de vue moral et éthique, de laisser pareilles ressources naturelles à l’abandon. Les eaux thermales représentent une richesse inestimable et irremplaçable. En attendant de trouver les moyens de les valoriser, il serait en tout cas possible de les protéger, à moindre coût, des pollutions et autres dégradations. À condition de faire appel au bon sens et au civisme des habitants ainsi qu’à l’esprit de décision des autorités de proximité.
Cela suppose à la fois l’installation d’un réseau d’adduction et de distribution d’eau qui maintiendrait les populations à l’écart des sources, la mise en place de périmètres de protection autour des captages, sans oublier les indispensables séances d’éducation et de communication avec les populations qu’il faut mettre à contribution. À défaut de pouvoir investir tout de suite dans les sources thermales, au moins conviendrait-il de les protéger. Avant qu’il ne soit trop tard.