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12 juin 2005.

AQUA 2005 : quand les outils de filtration doivent faire face aux conséquences des changements climatiques

Qui dit installation de filtration pour obtenir une eau propre à (...)

Qui dit installation de filtration pour obtenir une eau propre à la consommation pense souvent à toutes sortes de techniques mises en œuvre pour contrer les méfaits des pollutions agricole, industrielle ou autre. Toute différente est la préoccupation de la commune valaisanne de Savièse qui, elle, doit aujourd’hui faire face en priorité aux conséquences des changements climatiques . Explications.

Lors de la journée technique organisée, dans le cadre du Salon AQUA PRO, par la Société des distributeurs d’eau de la Suisse romande (SDESR) sous le titre général des méthodes de filtration de l’eau potable, il a été évidemment beaucoup question de filtres à sable, de membranes et de charbons actifs, d’essais comparatifs menés notamment à Vevey et à La Chaux-de-Fonds.

Si l’on a retenu ici le cas de Savièse, en Valais, c’est parce que le défi particulier auquel cette commune doit faire face est directement lié à la transformation de l’environnement naturel des sources glaciaires où sa population avait depuis fort longtemps coutume d’aller chercher son eau potable.

Le pergélisol en train de fondre…

Le réchauffement du climat alpin, entre autres conséquences, fait que non seulement les glaciers reculent, mais aussi que le pergélisol (ou permafrost) commence à fondre : le pergélisol désigne les sols dont la température est en permanence inférieure ou égale à zéro degré, cela à partir de quelques mètres de profondeur. A terme, les experts prévoient une fonte progressive d’une partie au moins de ces sols et ce phénomène est déjà nettement perceptible ici et là.

Cette fonte fait que les matériaux rocheux qui étaient restés prisonniers de ces couches gelées pendant des siècles se retrouvent peu à peu libérés et déstabilisés. Au moment de la fonte des neiges et lors de fortes précipitations, cela se traduit alors par des glissements de terrains, des chutes de pierres et des laves torrentielles. Résultat : les adductions d’eaux se chargent d’alluvions glaciaires, de limons et de boues et ce sont ces eaux-là que les services publics doivent traiter pour les rendre potables (Photo : Du côté des Grand’Gouilles, extraite du document de présentation des services techniques de Savièse).

La commune de Savièse, dont le territoire s’étend de la plaine du Rhône jusqu’au glacier de Tsanfleuron, se doit actuellement de distribuer chaque jour quelque 4’500 mètres cubes d’eau à une population d’environ 6’000 habitants. Dans les années 1990, elle a été confrontée à d’évidents problèmes quantitatifs en matière de distribution d’eau potable : capacités des conduites de transport insuffisantes, accroissement démographique important, réseaux en mauvais état.

Efficaces membranes

Elle a donc procédé à de gros travaux et investissements incluant le captage d’une nouvelle source, le remplacement des conduites, l’intégration de petites centrales hydro-électriques et, en ce qui concerne les problèmes de turbidité, l’installation d’un système d’ultrafiltration réalisé par une entreprise valaisanne (Membratec SA) spécialisée dans les procédés de séparation sur membrane (voir explication ci-contre).

Au bout du compte, la commune de Savièse dispose aujourd’hui d’un système fiable et performant qui lui garantit une eau potable dont la transparence est particulièrement remarquable, quelle que soit la densité d’alluvions et de boues mesurées dans les eaux captées. Reste à en dire le coût : moins de 5 centimes par mètre cube.

Bernard Weissbrodt




Infos complémentaires





En savoir un peu plus sur la turbidité ...

Le Glossaire international d’hydrologie définit la turbidité comme « l’état d’un liquide dû à la présence de particules en suspension, fines mais visibles, qui gênent le passage de la lumière ». Et le Dictionnaire des Sciences de l’environnement comme la « condition plus ou moins trouble d’un liquide, due à la présence de matières fines en suspension (limons, argiles, micro-organismes, etc.) ».

La turbidité est donc un paramètre important dans l’évaluation de la qualité des eaux potables. Elle peut s’évaluer selon différents procédés techniques, notamment en mesurant l’intensité lumineuse d’un rayon au travers d’un liquide contenant des matières en suspension. L’une des unités de mesure de la turbidité est l’unité néphélométrique (NTU).

Selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé, le degré de turbidité d’une eau potable doit être inférieur à 5 NTU. À Savièse, le degré moyen de turbidité des eaux captées est de 3 NTU, mais au moment de la fonte des glaces et lors de gros orages, elle peut monter parfois jusqu’à 100 NTU ! Aujourd’hui la commune valaisanne dispose d’un système qui garantit une eau potable dont la turbidité est inférieure à 0,03 NTU quelle que soit la mesure d’entrée !

...et sur l’ultrafiltration

L’ultrafiltration consiste à faire passer l’eau à travers des membranes synthétiques poreuses qui retiennent mécaniquement les impuretés présentes dans les eaux brutes (voir schéma ci-contre) et qui se présentent comme des tamis mesurant quelques centièmes de microns (0,01 micron dans l’installation de Savièse). Ce système est alors capable d’éliminer les matériaux en suspension (sables fins, argile, limon) et les germes pathogènes (parasites, bactéries, virus) dont la taille est supérieure aux pores de la membrane. Les sels minéraux dissous dans l’eau ne sont pas filtrés et l’eau garde toutes ses qualités chimiques.

Les membranes se présentent comme de longues fibres creuses de moins d’un millimètre de diamètre et de 1.5 mètre de long. Ces « pailles » sont assemblés en faisceau de 10’000 pièces dans des tubes de 20 centimètres de diamètre. L’eau circule à l’intérieur de ces fibres, l’eau propre passe par les pores et est ensuite recueillie dans un collecteur central.

(Informations aimablement fournies par Membratec SA)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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