Elles commencent à s’accumuler, les études (et les alertes) concernant la pollution du Léman par des matières plastiques. Après celles publiées notamment l’an dernier par des chercheurs des universités de Genève et de Plymouth et par l’Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL) [1], c’est au tour de l’association genevoise Oceaneye [2] de révéler les résultats préliminaires d’une série de mesures indiquant que les eaux du lac présentent un niveau de pollution plastique identique à la moyenne mondiale des océans.
Sur les 14 échantillons prélevés et répartis sur l’ensemble du lac, la concentration moyenne de microplastiques (de 1 à 5 mm) et de mésoplastiques (de 5 à 200 mm) atteint 129 grammes au kilomètre carré. Il se pourrait donc que quelque 14 millions de particules dans cette gamme de dimensions flottent aujourd’hui à la surface du Léman. Ce degré de pollution équivaudrait alors à celui de la pollution mondiale moyenne des océans (estimée à 160 gr/km2 par certains experts).
"Nous nous sommes ici concentrés sur l’évaluation de pollution plastique de surface pour des particules de plus d’un millimètre, commente le directeur d’Oceaneye, Pascal Hagmann. Bien qu’elles ne représentent certainement pas le principal gisement de déchets plastiques dans le lac, c’est un indicateur très utile (…) Selon notre expérience dans l’environnement marin, nous nous attendons à une pollution du même ordre de grandeur pour des particules de plus petites dimensions."
Il apparaît aussi qu’une part importante des plastiques flottants dans le lac sont évacués par le Rhône et que les eaux du fleuve en charrient plusieurs tonnes chaque année : sur les 8 échantillons prélevés entre Genève et la Camargue la concentration moyenne de particules plastiques entre 1 et 200 mm a été mesurée à 2,12 milligrammes par mètre cube.
Au vu de ces résultats, Oceaneye prévoit de mener deux nouvelles campagnes d’échantillonnage dans le lac et de s’intéresser aussi de plus près aux sources de cette pollution plastique. L’organisation souhaite pour cela collaborer avec les communes riveraines de manière à évaluer le rôle que tiennent les cours d’eau et les eaux pluviales dans cette forme d’atteinte à l’environnement aquatique.