Pour la CIPEL, il est indéniable que les actions menées entre 2001 et 2010 dans le bassin versant du Léman ont été bénéfiques pour la qualité des eaux du lac et de ses affluents, qu’il s’agisse d’assainissement domestique, de pratiques agricoles ou d’actions relatives aux activités industrielles. Un certain nombre de progrès significatifs sont à mettre en évidence, notamment la diminution de la concentration en phosphore (baisse de 33 % en dix ans, 22 microgrammes par litre d’eau en 2009) et la bonne qualité bactériologique des eaux sur les plages (leur proportion est passée de 52 à 79 % entre 2002 et 2009).
Par contre, des efforts doivent être absolument poursuivis en ce qui concerne la qualité biologique du lac et des cours d’eau : les actions de renaturation menées sur les rives du lac et des rivières du bassin versant, comme cela a pu être fait dans le cadre de contrats de rivières transfrontaliers, sont encore isolées et mériteraient d’être développées de manière significative.
Les obstacles artificiels à la migration des poissons également restent une préoccupation importante de la CIPEL : seuls 219 des 370 km que la truite lacustre pourrait parcourir (sur un total de quelque 3’500 km de cours d’eau) sont effectivement utilisables pour son déplacement optimal. De plus, on retrouve dans l’eau, mais aussi dans la chair des poissons, des substances indésirables et parfois non biodégradables, tels des micropolluants, pesticides et résidus médicamenteux, présentant un danger potentiel pour l’environnement et pour l’homme.
Quatre grandes orientations
Le Plan d’action 2011-2020, intitulé « Préserver le Léman, ses rives et ses rivières aujourd’hui et demain », se structure autour de quatre grandes orientations - bon état, eau potable, cadre de vie, et changement climatique - déclinées en une série d’objectifs ciblés :
– réduire la concentration en micropolluants dans les eaux du lac et des rivières ;
– poursuivre la réduction de la quantité de phosphore présente dans le lac ;
– garantir l’usage de l’eau du lac pour la production d’eau potable, mais également comme eau de baignade, et comme zone de loisirs ;
– augmenter la part des rives naturelles du lac et des rivières ;
– améliorer et maintenir la qualité biologique des eaux du lac et des rivières ;
– maintenir le bon état de la ressource piscicole ;
– limiter l’arrivée des espèces végétales et animales exogènes invasives ;
– évaluer l’impact du réchauffement climatique sur les eaux du bassin versant et envisager des adaptations des usages. (Source : CIPEL)
– P.S. Si l’on en croit une information publiée le 17 décembre 2010 par La Tribune de Genève et 24 Heures, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne serait en train de préparer un ambitieux programme de recherche et d’exploration du lac Léman en collaboration avec notamment un institut russe de recherches océanographiques. Le projet, qui jusqu’à présent n’a fait l’objet d’aucune communication officielle, impliquerait l’utilisation de deux sous-marins de poche de type Mir. Les deux quotidiens rappellent à ce sujet que le Léman, qui est aussi la plus grande réserve d’eau d’Europe occidentale, est l’un des lacs les plus étudiés du monde. Pour mémoire, le professeur Jacques Piccard avait en 1978 conçu un sous-marin spécial, le FA-Forel, précisément destiné à l’étude des eaux lémaniques, mais qui n’a plus été utilisé depuis 2005, faute de moyens financiers appropriés. (bw)