Quelque 4 milliards de personnes, soit environ la moitié de l’humanité, vivent désormais dans des zones urbaines. D’ici à la moitié du 21e siècle, ce ne sont pas moins des deux tiers de la population mondiale qui s’y seront installés avec l’espoir d’y trouver un emploi et de meilleures conditions de vie.
Mais au fur et à mesure que les agglomérations prennent de l’ampleur et réclament toujours plus d’espaces constructibles, les zones humides reculent, se dégradent et sont asséchées. À l’inverse, si elles sont conservées et protégées, voire restaurées, elles contribuent à rendre les villes agréables à vivre.
À quoi servent les zones humides …
– Atténuer les crues en absorbant et stockant les fortes précipitations
– Reconstituer les réserves d’eau potable
en alimentant les nappes souterraines
– Améliorer la qualité de l’eau en filtrant les pesticides agricoles
et les résidus industriels
– Améliorer la qualité de l’atmosphère des villes grâce à leur végétation
qui dégage de l’air humide
– Favoriser le bien-être humain en offrant aux citadins des espaces verts
qui réduisent leur stress
– Fournir à leurs riverains une diversité de moyens d’existence
et de revenus potentiels.
De la parole aux actes
Comment satisfaire la demande croissante d’espace à bâtir dans les villes tout en préservant le milieu naturel ? C’est aujourd’hui le défi lancé à de nombreux urbanistes et décideurs politiques et économiques. Un des 17 objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies pour 2030 est précisément de "faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables" (objectif n° 11). Sous cet angle, les zones humides urbaines peuvent remplir un rôle essentiel. Exemples :
Londres (Royaume-Uni) :
Le London Wetland Centre
Situé dans une boucle de la Tamise, sur le site de quatre anciens réservoirs d’eau, le London Wetland Centre est une zone humide urbaine restaurée de 40 hectares, gérée par le Wildfowl and Wetlands Trust (ci-contre : photo WWT/Ramsar). La vie sauvage y est très diverse avec 180 espèces d’oiseaux. Le site est dédié à l’éducation aux zones humides et attire chaque année quelque 170 000 visiteurs. Il possède un centre d’accueil des visiteurs et un observatoire.
– Site web du London Wetland Centre
Huangshan (Chine) - Les rives restaurées du fleuve Xin’an
Sur la rive sud du fleuve qui arrose un centre urbain peuplé de 1,4 million d’habitants, 7,5 km ont été restaurés pour retrouver les zones humides naturelles qui assurent la maîtrise des crues et constituent une nouvelle ceinture verte, avec un parc, des jardins botaniques et un développement immobilier bien planifié.
Kampala (Ouganda) – Le marais de Nakivubo
Kampala, capitale de l’Ouganda, connaît une croissance rapide. Le marais de Nakivubo a une superficie d’environ 550 hectares et se situe entre le cœur industriel de la ville et les zones résidentielles. Les zones humides filtrent naturellement l’eau et réduisent la charge des polluants qui parviennent dans les systèmes aquatiques naturels et artificiels. La valeur de ce service naturel de traitement des eaux est estimée à 2 millions de dollars par an.
Bucarest, Roumanie – Le parc naturel Văcărești
Déclaré zone protégée en 2014, le Parc naturel Văcărești est une zone humide urbaine de 183 hectares à 4 km du centre de la capitale roumaine. La nature y a totalement repris ses droits sur un réservoir artificiel abandonné depuis 1989 et ce parc – devenu un véritable poumon vert pour la ville très urbanisée qui l’entoure - est aujourd’hui un riche écosystème abritant autour de trois étangs des centaines d’espèces de plantes et de fleurs ainsi que de nombreuses espèces animales.
Vientiane (Laos) - Le marais de That Luang
Situé à l’orée de la capitale, ce marais de 2000 hectares sert depuis longtemps de tampon contre les inondations et assure la subsistance des pêcheurs locaux tout en permettant la culture de riz et de légumes. Six zones humides ont été conçues et construites pour le traitement des eaux desservant une école, une papeterie et une brasserie, prouvant ainsi qu’il est possible de traiter les eaux usées urbaines à moindre frais en consommant peu d’énergie.
(Source : Convention de Ramsar)
– Sur le même thème, voir aussi dans aqueduc.info :
"Valoriser l’eau de pluie des villes (15 février 2017)