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8 mai 2006.

Les rivières ont besoin d’espace et ... d’eau !

Les organisations écologistes suisses se mobilisent pour les (...)

Les organisations écologistes suisses se mobilisent pour les rivières : Pro Natura exhorte les industriels de l’électricité à laisser enfin aux fleuves et aux rivières l’eau qui leur revient, et le WWF soutient l’initiative populaire « Eaux vivantes » lancée par la Fédération suisse de pêche en faveur de la renaturation des cours d’eau. C’est qu’il y a urgence !

« Ce qui se passe dans de nombreux cours d’eau suisses est une véritable tragédie, dont le public est trop peu conscient » déclare Tobias Winzeler, le secrétaire général de la Fédération suisse de pêche, cité par le WWF dans son magazine du début de l’année. L’organisation écologiste explique que chaque jour à midi, les centrales électriques produisent une quantité maximale de courant et libèrent donc de grandes quantités d’eau.

« Ces crues artificielles ou éclusées amènent de nombreuses substances qui troublent l’eau et emportent non seulement des petits animaux et des alevins, mais aussi de plus gros poissons. Dès que les turbines s’arrêtent, le niveau de l’eau baisse rapidement. Alors, de grandes surfaces s’assèchent, entraînant la mort de nombreux animaux incapables de regagner rapidement ce qui subsiste du cours d’eau. Prisonniers de flaques d’eau, de gros poissons meurent eux aussi, lamentablement. »

Inquiétudes écologiques et politiques

Du coup, on comprend mieux les doléances des pêcheurs : la qualité de l’eau est bien souvent insuffisante ; dans les cantons de montagne, la plupart des rivières et des ruisseaux ne sont plus que des filets d’eau ; dans les grandes rivières du moyen pays, les matières à charrier manquent en raison de prélèvements massifs de gravier ; dans les bassins de retenue, les matières en suspensions se déposent, ce qui amène un colmatage dangereux du lit des cours d’eau ; les effets d’éclusées empêchent la reproduction naturelle des poissons indigènes.

À quoi s’ajoutent des inquiétudes d’ordre politique : le manque de sensibilité des autorités pour la protection des eaux et de l’environnement ; le non respect des prescriptions en matière de débits résiduels et d’assainissement ; le lobby des exploitants d’usines hydro-électriques ; l’affaiblissement du droit de recours des associations, etc. Bref, les arguments ne manquaient pas du côté de la Fédération suisse de pêche pour lancer l’initiative populaire « Eaux vivantes » (le délai de récolte des signatures arrive à échéance le 4 juillet prochain).

Libérez nos rivières ! clame Pro Natura qui se bat elle aussi résolument pour un résidu d’eau dans les rivières et demande aux entreprises électriques « de laisser enfin aux fleuves et aux rivières l’eau qui leur revient. Comme le veut la loi. »

Environ 10% seulement des rivières et fleuves suisses sont encore à l’état naturel. Les 90% restants sont comprimés dans un corset tout sauf naturel, rectifiés, bétonnés, corrigés ou carrément asséchés. Avec des conséquences dévastatrices pour les plantes et les animaux vivant dans les cours d’eau et sur leurs rives. Sur les 54 espèces de poissons que comptaient initialement ces cours d’eau, 8 ont aujourd’hui disparu et 35 sont menacées. 90% des forêts alluviales ont disparu.

Prévue sur trois ans, la campagne « Libérez nos rivières ! » s’adresse surtout aux exploitants des centrales hydroélectriques dont nombre d’entre eux ferment complètement le robinet à de nombreux cours d’eau. Mais, constate Pro Natura, à quelques exceptions près, cela importe peu au lobby hydroélectrique alors que la perte induite par le respect du débit résiduel minimum prescrit par la loi ne représenterait que 10% du bénéfice à distribuer par l’industrie hydroélectrique.

L’exploitation de la force hydroélectrique est tout à fait possible dans le respect de la nature. L’association écologiste conseille donc aux consommateurs d’acheter de l’électricité respectueuse de l’environnement. (Sources : WWF-Suisse, Pro Natura, Fédération suisse de pêche)




Infos complémentaires

:: L’initiative « Eaux vivantes » en bref

 Constitution de fonds de renaturation par les cantons

Il s’agit d’obliger les cantons à constituer des fonds pour le financement de mesures de renaturation dont les coûts ne pourraient être imputés à ceux qui en sont à l’origine. Cette solution a bien fait ses preuves dans le canton de Berne. La population réagit de façon positive à la remise en valeur des eaux. Les entreprises de construction sont heureuses de réaliser des travaux dans l’intérêt commun.

 Rétablissement du régime de charriage

Les cantons seront obligés d’ordonner des mesures en vue de rétablir le régime de charriage et d’ainsi réhabiliter le milieu vital central que constitue le lit des cours d’eau.

 Diminution des conséquences néfastes des effets d’éclusées

Les exploitants d’usines doivent être astreints à diminuer les conséquences mortelles des effets d’éclusées pour la faune aquatique par le biais de mesures architecturales (création de volumes de rétention) et de règlements d’exploitation.

 Amélioration de la position juridique des organisations

Afin de contrer le déficit dans la mise en pratique des prescriptions légales, les sociétés de pêche et les organisations de protection de l’environnement à but idéal devraient obtenir le droit de solliciter la réalisation de mesures de renaturation.

:: Liens utiles

Fédération suisse de pêche, Initiative Eaux Vivantes

WWF-Suisse, Site Riverwatch

Pro Natura, « Libérez nos rivières ! »

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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