Pour sa 10e édition du 5 au 7 février 2020 à Bulle (Fribourg), le Salon aqua pro gaz, rendez-vous bisannuel des professionnels de l’eau potable, de l’assainissement et du gaz, a choisi de mettre en évidence l’Association des Fontainiers de Suisse Romande. Fondée en 2003, cette corporation compte actuellement 115 membres actifs. Quentin Morezzi, Chef de réseau adjoint au Service de l’eau de la Ville de Lausanne, ne cache pas son plaisir de voir comme invitée d’honneur l’association qu’il préside depuis l’an dernier.
- Quentin Morezzi : "C’est pour nous une belle reconnaissance, un joli clin d’œil. Il faut dire que nous sommes présents dans ce Salon depuis plusieurs années. Nous qui ne vendons pas de produits et avons peut-être ce petit plus d’être neutres, nous sommes un peu le point commun de la centaine d’exposants. Avec eux, nous nous présentons comme les défenseurs de cette noble cause qu’est l’eau potable."
– aqueduc.info : Mais c’est un métier assez mal connu du grand public …
– "C’est le cas pour tous les métiers de l’hydraulique. Les gens ne se rendent pas compte de toute la tuyauterie présente sous les routes et dans les bâtiments. Tout le monde ou presque ignore tout le parcours que fait l’eau avant d’arriver à leurs robinets. Trouver des sources et capter l’eau, la traiter, la stocker dans des réservoirs, l’acheminer parfois sur des dizaines de kilomètres pour que chacun puisse y avoir accès, cela est souvent méconnu."
– Dans ce Salon 2020, il est beaucoup question de sécurité, de contrôle et de prévention des contaminations. Dans ce domaine, le fontainier joue un rôle de premier plan …
– "C’est l’homme-clé. Il a les outils en mains, il connaît son réseau, il est le seul à pouvoir réagir immédiatement en cas d’incident. Mais il faut dire aussi qu’actuellement il est particulièrement bien aidé : il bénéficie d’une excellente formation, il est préparé à affronter des situations de crise, de pollution, de contaminations. Il est capable de bien connaître un réseau d’eau, de le documenter et de le surveiller. Il peut s’appuyer sur de solides associations professionnelles qui mettent à sa disposition des documents techniques et des programmes informatiques qui lui permettent d’intervenir au plus vite dans des situations difficiles et d’éviter le chaos."
– Justement, on entend dire parfois que le fontainier est un homme de tradition. S’adapte-t-il facilement à de nouvelles technologies ?
– "À la base, nous sommes des manuels. Tout fontainier a un jour sauté dans une fouille, posé des tuyaux, vissé des raccords. Mais quand il voit le travail à mener dans un réseau d’eau, il sait qu’il a besoin d’être bien formé pour le faire et qu’il a pour cela besoin de logiciels, d’internet et d’autres nouveaux outils performants. Quand il en prend conscience, le fontainier n’hésite pas, il s’y met, il y va à fond."
– Dans ce pays où la gestion de l’eau est un service public, le fontainier est un employé communal. Comment est-il perçu par les autorités municipales ?
– "Cela dépend des communes. En Suisse allemande, le Brunnenmeister a peut-être plus de pouvoir qu’en Suisse romande, il est traditionnellement mieux reconnu et sans doute davantage écouté. Mais de manière générale on peut dire qu’il existe une bonne collaboration entre les autorités communales et les fontainiers. De par sa profession, l’élu municipal qui a la responsabilité du secteur de l’eau n’est pas forcément expert dans ce domaine, peut-être n’a-t-il même jamais vu de près une canalisation. Il sait donc qu’il doit faire confiance à la personne qui a toute compétence en la matière. Et le fontainier, qui est souvent un passionné, a toujours grand plaisir à partager son savoir et son expérience. D’un autre côté, quand celui-ci a besoin d’un budget pour aménager une canalisation ou un réservoir, il doit parfois un peu se battre pour l’obtenir. Il sait alors qu’il doit faire l’effort de bien présenter sa requête et démontrer que c’est quelque chose de vital et d’essentiel qui sera bénéfique à tous les habitants de la commune."
Propos recueillis
par Bernard Weissbrodt