Le secteur de la distribution d’eau est en effet en pleine évolution : les techniques d’analyse de cette ressource, de plus en plus fines, permettent d’y déceler des éléments chimiques mal connus jusqu’ici, réclament des normes de qualité plus exigeantes, obligent à installer des dispositifs de traitement plus performants, postulent des compétences professionnelles plus élevées, et entraînent bien évidemment des surplus d’investissements et de coûts financiers.
« Cela fait bien longtemps que le prix de l’eau n’est plus un sujet tabou, explique Gérard Luyet, responsable du secteur eau potable aux Services Industriels de Genève, dans un document de travail remis aux participants. L’on attend des distributeurs qu’ils soient le plus efficients possible et qu’ils prennent des mesures de nature à améliorer leurs performances et à diminuer leurs coûts. La marge de manœuvre n’est pas grande, car les frais fixes peuvent représenter jusqu’à 80% des coûts. Dans les décennies à venir, les distributeurs d’eau devront faire face à d’importants investissements et à une forte demande au niveau des travaux d’entretien. Ces dépenses considérables seront dictées par la nécessité de répondre aux nouvelles contraintes légales et de rénover les installations. Ceci sera particulièrement vrai pour les distributeurs situés dans des zones rurales. »
Autrement dit, les distributeurs d’eau ne pourront pas faire l’économie de planifications stratégiques à long terme, d’autant que la durée de vie des installations qu’ils devront mettre en place se mesure en dizaines d’années. Les décisions qu’ils prennent dans ce domaine « figent la situation pour de longues périodes et les empêchent de se tourner vers d’autres solutions ».
Des objectifs exigeants
La tâche des distributeurs d’eau, aujourd’hui comme demain, tient en quelques objectifs relativement clairs mais techniquement très exigeants et lourds de responsabilités :
– s’assurer en permanence de la meilleure qualité possible de l’eau potable et de sa disponibilité à long terme
– veiller à l’entretien, à l’efficacité et à la sécurité des installations d’approvisionnement et de distribution de l’eau potable
– prendre en compte les exigences de protection de la nature et de l’environnement
– répondre aux demandes des usagers pour une meilleure transparence des tarifs de l’eau
– garantir la viabilité économique de leurs entreprises, compte tenu de l’obligation de couverture des coûts, c’est-à-dire de « faire payer par l’eau le prix de l’eau ».
À Bulle, plusieurs experts sont venus expliquer les tenants et aboutissants des recommandations émises en la matière par la SSIGE (lire ci-contre) : d’une part les aspects du long terme sont encore trop souvent négligés dans les planifications ; d’autre part les coûts réels de l’adduction, de la production et de la distribution d’eau potable sont parfois mal connus ou calculés de façon incomplète, ce qui entraîne de vrais problèmes lorsqu’il s’agit de procéder à des tarifications adéquates.
À noter aussi que l’idée de recourir au ‘benchmarking’ et à l’analyse comparative des méthodes et pratiques de gestion des distributeurs d’eau semble aujourd’hui recueillir de plus en plus d’intérêt. Une trentaine d’entreprises, parmi les quelque 3’000 petits et moyens distributeurs de Suisse, viennent en tout cas de se livrer à un tel exercice qui devrait stimuler réflexions et initiatives. Affaire à suivre, puisque l’expérience, sur une base volontaire, sera poursuivie l’an prochain. (bw)
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