Une participation exceptionnelle (il y avait longtemps que le quorum de 50 % nécessaire à la validation des scrutins n’avait été obtenu) et des verdicts prononcés à une quasi unanimité : les quatre objets de vote ont certainement bénéficié d’un effet boule de neige. Mais il sera bien difficile de savoir si l’un d’eux a mobilisé l’opinion italienne davantage que les autres.
En ce qui concerne les deux questions sur l’eau, le vote des citoyens italiens ne constitue pas vraiment une surprise : en 2007, une proposition, munie de plus de 400’000 signatures, avait déjà été déposée au Parlement réclamant le retour complet de l’eau potable dans le service public. En mars 2010, 200’000 manifestants venus de toutes les régions de la Péninsule avaient protesté contre la loi qui entre temps avait ouvert la voie à la libéralisation du marché. La nouvelle récolte de signatures qui s’en suivit avait quant à elle fait date dans l’histoire des référendums avec plus de 1’400’000 paraphes, c’est-à-dire presque trois fois plus que nécessaire pour convoquer les citoyens aux urnes !
L’opposition avait dans son collimateur un décret gouvernemental - estampillé Ronchi, du nom du ministre italien des politiques communautaires qui l’avait fermement soutenu lors de son adoption en automne 2009 - et qui rendait obligatoire les appels d’offre en matière de gestion de l’eau et limitait la participation des collectivités locales dans les sociétés à qui cette gestion était attribuée.
Dans leur argumentation, les partisans du oui faisaient surtout valoir que l’eau est un bien commun et un droit de l’homme fondamental et universel, et qu’elle est une denrée essentielle que nul ne peut avoir le droit ni de s’approprier ni d’en tirer bénéfice. Vingt ans de politiques néolibérales, disaient-ils, ont fait de l’eau une marchandise qui profite au secteur privé et dont pâtit la qualité d’un service qui doit absolument revenir en mains publiques et sous contrôle démocratique.
En fait, l’électorat italien avait, sur ce sujet, à répondre à une double question correspondant à deux textes législatifs différents, l’un portant sur les modalités de gestion des services publics locaux d’intérêt économique, l’autre sur le rendement adéquat du capital investi dans les services de l’eau.
En plus clair, le premier référendum s’opposait à la volonté du gouvernement Berlusconi de réduire progressivement la part du capital public dans les services de l’eau et à terme de les faire basculer dans le marché privé, le second contestait les dispositions légales prévoyant que les redevances pour le service de l’eau devaient garantir aux actionnaires un retour sur investissement de l’ordre de 7 %, un rendement dont les usagers auraient bien évidemment fait les frais.
De ceci et de cela, les citoyens italiens n’ont pas voulu. "L’acqua è di tutti, non si vende". L’eau est à tous, elle n’est pas à vendre. Ils ont donc voté deux fois ‘oui’ à l’eau, bien commun. (bw)