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14 mars 2012.

Le bien-être des Suisses dépend de l’eau d’ailleurs

L’eau nécessaire pour produire l’ensemble des biens et services (...)

L’eau nécessaire pour produire l’ensemble des biens et services consommés en Suisse provient à 82% de pays étrangers. C’est la conclusion d’une étude réalisée par le Fonds mondial pour la nature (WWF) en partenariat avec la Direction de la coopération suisse (DDC) et de hautes écoles spécialisées, Ce premier rapport sur l’empreinte eau de la Suisse souligne sa coresponsabilité dans la gestion durable des eaux au niveau planétaire et dresse une série de recommandations.

Cette étude avait pour premier objectif de lancer un débat constructif autour du rôle de l’eau dans l’économie et d’inciter les consommateurs suisses à adopter un comportement plus responsable face à la pénurie croissante de l’eau dans les régions où sont produits les biens qu’ils achètent. Calculer cette empreinte hydrique permet aussi de mieux définir où devraient aller en priorité les fonds suisses destinés au secteur de l’eau. C’est enfin une manière d’inciter les entreprises de ce pays à réfléchir aux situations futures auxquelles elles risquent d’être confrontées dans leurs activités internationales.

Une forte empreinte hydrique, lit-on dans cette étude, n’est pas une mauvaise chose en soi. Un produit nécessitant de grandes quantités d’eau mais provenant d’une région où l’eau est abondante ou qui gère intelligemment ses ressources ne pose pas problème.

Mais il importe beaucoup plus d’identifier les régions et les saisons qui correspondent à une empreinte hydrique préoccupante à long terme, surtout lorsqu’elle se traduit par le tarissement ou la dégradation de ressources en eau de surface ou souterraines, ce qui peut entraîner de graves préjudices environnementaux, économiques et sociaux.

L’étude présente des chiffres et des cartes concernant les bassins versants affectés par une forte empreinte hydrique suisse, alors qu’ils sont eux-mêmes confrontés à une pénurie d’eau. Cette analyse des zones sensibles a pu mettre ainsi le doigt sur plusieurs zones sensibles comme la mer d’Aral, les bassins de l’Indus, du Gange, du Nil, du Tigre et de l’Euphrate. Tous ces bassins versants produisent des denrées agricoles - céréales, fourrage, coton, canne à sucre, etc. - consommées en Suisse dans des régions et à des périodes de l’année où l’eau fait défaut.

Ne pas confondre rareté de l’eau
et production non durable

À la question de savoir quelle attitude adopter face à ces questions, l’étude note d’abord que les régions qui souffrent de pénurie d’eau sont souvent plus pauvres que celles riches en eau et qu’il serait donc injuste de bouder leurs productions. En revanche, il faudrait que les agriculteurs et les entreprises de ces régions menacées gèrent au mieux les risques liés au manque d’eau. Concrètement, cela veut dire aussi que la coopération suisse tout comme les entreprises helvétiques travaillant dans ces pays soient incitées à octroyer des prêts et des investissements qui permettent de produire de façon plus durable. (Source:DDC)


Quelques chiffres sur l’empreinte hydrique suisse

La majeure partie de l’empreinte hydrique suisse correspond à l’eau utilisée dans la production de matières premières dans d’autres pays.
 Un Suisse consomme en moyenne 162 litres d’eau par jour pour un usage domestique couvrant le fait de boire, se laver, cuisiner et faire le ménage.
 En y ajoutant l’eau virtuelle utilisée pour produire de la nourriture, des boissons, des vêtements et tout autre bien de consommation, l’empreinte hydrique se monte à 4’200 litres par personne et par jour.
 L’empreinte hydrique totale de la Suisse s’élève à 11’000 millions de mètres cubes par an (soit 11’000 milliards de litres).
 Seuls 18% de l’empreinte hydrique sont produits en Suisse. Les biens et services importés représentent à eux seuls 82%.
 La production et la consommation de denrées agricoles constituent la majeure partie de l’empreinte hydrique suisse (81%).
 La part de l’industrie s’élève à 17% et les 2% restants correspondent à la consommation des ménages


 Cette "Étude de l’empreinte hydrique suisse - Illustration de la dépendance de la Suisse à l’égard de l’eau" peut être téléchargée (36 pages)
sur le site de la DDC




Infos complémentaires

Au vu de l’abondance des ressources hydriques de la Suisse et de sa gestion de l’eau responsable, il est tentant de penser que notre pays est épargné par les défis mondiaux liés à l’eau douce. C’est pourtant loin d’être le cas ! 82% de l’empreinte hydrique de la Suisse sont imputables à la consommation d’eau dans des pays étrangers, et bien souvent dans des régions dont les ressources hydriques sont plus rares que chez nous. Ce constat souligne toute la pertinence de l’engagement et du devoir de la Suisse à contribuer à résoudre le problème mondial de l’eau. Cela va bien au-delà de la solidarité internationale : notre propre développement en dépend.
Martin Dahinden, directeur général de la Direction du développement et de la coopération (DDC)


Une définition de l’empreinte hydrique


C’est une mesure de la consommation d’eau qui peut être calculée pour une personne, une entreprise, une ville ou un pays. Elle couvre la consommation directe (eau de boisson, nettoyage) et la consommation indirecte (production de biens et services). Cette dernière est appelée ’eau virtuelle’. (Extrait de l’étude)


L’exemple de la tasse de café

L’empreinte hydrique d’une tasse de café noir est de 140 litres, ce qui correspond à la quantité d’eau nécessaire à la culture de la plante,
à la récolte, au raffinage, au transport, au conditionnement, à la vente et à la confection finale du breuvage. (Chapagain, A.K. and Hoekstra, A.Y., 2007)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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