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29 octobre 2016.

Le Tadjikistan ouvre le chantier du plus haut barrage du monde

Ce qui ne plaît guère à son voisin ouzbek

Le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, a inauguré à Rogoun, sur la rivière Vakhch et à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale Douchanbé, le chantier de ce qui devrait être, avec ses 335 mètres, le plus haut barrage hydroélectrique du monde. Cet ouvrage est destiné avant tout à garantir l’indépendance énergétique du pays. Mais l’Ouzbékistan voisin le voit d’un mauvais œil, lui qui a besoin de l’eau du Tadjikistan pour ses cultures de coton.

La rivière Vakhch présente un fort potentiel hydroélectrique et l’ancienne Union soviétique, qui l’avait très bien compris, a tout fait pour exploiter cette ressource. Son tracé tadjik compte actuellement cinq barrages en activité, dont celui de Nourek (304 mètres de haut) et quatre autres en construction, dont celui de Rogoun qui a déjà derrière lui une longue histoire.

L’ex-URSS avait en effet commencé sa construction au milieu des années 1970 mais le chantier fut interrompu au moment de la chute de l’empire soviétique puis de la guerre civile au Tadjikistan. Abandonné alors qu’il atteignait déjà quelque 60 mètres de hauteur, le barrage fut plus tard emporté par des crues.

Sa remise en chantier s’est ensuite heurtée à de nombreux obstacles. Géopolitiques d’abord, en raison de l’opposition de l’Ouzbékistan, grand producteur de coton, qui a en aval pour son agriculture un impérieux besoin des eaux de la Vakhch et autres affluents de l’Amou Daria. Au point que son président Islam Karimov, en 2012, n’hésita pas à prévenir son voisin tadjik que la construction d’un nouveau grand barrage au Tadjikistan présentait le risque d’une possible guerre de l’eau.

Obstacles techniques et économiques ensuite : l’Asie centrale n’est pas à l’abri de secousses sismiques et le financement de cet ouvrage, dont le coût est estimé à près de 4 milliards de dollars, serait loin d’être assuré, sans parler des problèmes environnementaux et des impacts du réchauffement climatique (perte de réserves glaciaires, accumulation de sédiments dans les retenues, etc.).

Se basant sur une étude de la Banque mondiale qui, malgré ses aspects négatifs, estimait le projet faisable, le Tadjikistan a donc finalement décidé d’aller de l’avant. Au début de l’été 2016, il a signé un contrat avec le groupe italien Salini Impregilo spécialisé dans les grandes réalisations de travaux publics. Et le 29 octobre 2016, le président tadjik a donc officiellement inauguré le nouveau chantier.

Le futur barrage – un remblai de plus de 30 millions de mètres cubes de matériaux solides – formera une retenue d’eau de 13,3 kilomètres cubes destinés à l’alimentation de six turbines hydroélectriques d’une capacité totale de 3600 mégawatts. Ce qui devrait contribuer à améliorer la situation énergétique du Tadjikistan qui en hiver est souvent confronté à de graves pénuries de courant électrique dont pâtit largement sa population.
(Source : agences et site officiel du Tadjikistan)

 Situer la région de Rogoun sur openstreetmap.org




Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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