Gérer durablement les ressources en eau est un impératif prioritaire partout dans le monde. Tous les peuples en dépendent pour leur survie quotidienne comme pour toutes sortes d’activités. Mais, que ce soit en termes d’évolution climatique ou de changements socioéconomiques, la pression sur ces ressources se fait aujourd’hui de plus en plus forte, avec pour conséquences la mise en péril des écosystèmes aquatiques et l’émergence de concurrences toujours plus vives entre les divers usages de l’eau (eau potable, agriculture, production énergétique, loisirs, etc.)
La sécheresse de 2003, lit-on dans le ‘Portrait du Programme national de recherche PNR 61’ édité par le Fonds national suisse, a montré que dans ce pays aussi, “les différentes exigences face à l’eau peuvent s’affronter. Afin d’éviter des goulots d’étranglement et des conflits, de nouvelles stratégies basées sur un cycle de l’eau le plus naturel possible et sur une gestion durable de l’eau sont donc nécessaires”. Si la recherche hydrologique suisse dispose d’un grand potentiel, elle est toutefois confrontée aujourd’hui à toute une série de problèmes complexes.
Le PNR 61 a précisément pour ambition “d’élaborer des bases, méthodes et stratégies scientifiquement éprouvées, à même d’apporter des solutions aux défis à venir dans le domaine de l’exploitation des ressources en eau”. Il s’intéressera autant aux effets des changements climatiques et socioéconomiques sur les ressources hydrologiques qu’à la gestion des risques et aux conflits d’utilisation.
Une approche transdisciplinaire
Deux axes de recherche ont été définis. D’un côté. le système naturel, avec les changements du cycle et des régimes hydrologiques, de la qualité de l’eau et des écosystèmes aquatiques, en raison du réchauffement climatique, de modifications dans l’occupation du territoire ou d’activités humaines inappropriées. De l’autre, le système social, avec les changements survenus dans le domaine socioéconomique et les stratégies globales en matière de gestion durable de l’eau. Mais, vu que ces thématiques ne sont pas étanches et qu’elles interagissent entre elles, il est prévu que le PNR 61 favorise la recherche transdisciplinaire à travers une structure ad hoc d’encadrement et de coordination.
L’exemple de Crans-Montana-Sierre
L’un des projets du PNR 61 - piloté par une équipe regroupant des chercheurs des universités de Berne, Fribourg et Lausanne - concerne une dizaine de communes de la région de Sierre, en Valais, sur la rive droite du Rhône. Baptisé ‘Aqua Montana’, le projet devrait faire un état des lieux actuel et prévisionnel des ressources hydriques de ce territoire, identifier les forces et faiblesses de sa gestion actuelle de l’eau et fournir des propositions pour une organisation juridique et pratique de la gestion de l’eau et de sa distribution.
La région de Crans-Montana-Sierre est assez emblématique des régions arides de la chaîne des Alpes. Le changement climatique et les développements socio-économiques vont de toute évidence modifier l’offre et la consommation d’eau. Ce qui posera de nombreux défis, compte tenu des situations potentielles de conflits entre les usagers et leurs différents secteurs d’activités (agricoles, touristiques, sportifs, écologiques, et autres). Passer d’une gestion de l’eau basée d’abord sur l’offre et non plus sur la demande, comme c’était le cas jusqu’à présent, n’est pas une mince affaire. (bw)