La neige se fait plus rare non seulement sur le Plateau suisse, mais aussi en altitude, dans le Jura et dans les Alpes. La zone des neiges dites "éternelles", où la probabilité de chute de neige oscille entre 80% et 100%, couvrait encore 27% du territoire helvétique dans la décennie 1995-2005. Dix ans plus tard, elle s’est réduite à 23%, soit une perte de 2100 km2.
110 milliards d’observations
Pour arriver à ce constat, des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) et du GRID-Genève [1] du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), ont étudié 22 années de données satellitaires couvrant l’entier du territoire suisse. Ils ont pour cela bénéficié d’un nouvel outil, le Swiss Data Cube [2], développé sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui leur a permis de regrouper toutes les images prises par les trois derniers satellites américains du programme d’observations de la Terre Landsat et par le satellite européen Sentinel-2.
La méthode de travail consiste à superposer les images prises par les satellites qui passent à intervalles réguliers à la verticale d’un même lieu et à suivre avec précision l’évolution du manteau neigeux non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps. C’est de cette architecture en trois dimensions que le Swiss Data Cube tire son nom. Les chercheurs ont pu ainsi stocker l’équivalent de 6500 images sur une période de 34 ans. Et comme chaque pixel de chaque image correspond à l’observation d’un carré de 10 mètres sur 10, ils disposent aujourd’hui de 110 milliards d’observations.
Si l’on veut prendre en toute connaissance de cause les décisions qui s’imposent pour faire face aux changements climatiques, il est essentiel d’avoir des données détaillées sur le couvert neigeux et sur son évolution. Cela concerne des domaines comme la prévention des risques d’inondation, l’approvisionnement en eau potable, la production d’énergie hydraulique, les aménagements touristiques, etc. pour lesquels il importe de prendre en compte le rôle de stockage joué par la neige qui retient l’eau en hiver et la libère dès le printemps. Il est d’ores et déjà prévu, par le biais d’une collaboration scientifique entre les universités de Genève et de Zurich de rassembler de nouvelles données permettant de mesurer la quantité de neige qui fond (projet snowcover.ch). (Source : UNIGE)