Si les forêts sont tellement importantes dans le cycle de l’eau, c’est d’abord parce qu’elles participent grandement au flux d’évapotranspiration de l’eau vers l’atmosphère et alimentent le processus de précipitations. Cela dit, elles remplissent encore différentes autres fonctions essentielles à l’approvisionnement en eau potable.
La forêt est un véritable réservoir
Pour comprendre l’immense capacité de stockage d’eau d’une forêt, il faut essayer d’imaginer à quoi ressemble son sol : celui d’une forêt de feuillus peut contenir, dans un mètre cube de terre, plusieurs dizaines de kilomètres de racines qui facilitent la pénétration et le drainage des eaux de pluie et de fonte de neige. Constituée d’une multitude infinie de cavités et de pores, la couche supérieure de l’humus forestier se comporte comme une éponge capable d’emmagasiner jusqu’à deux millions de litres d’eau par hectare. On comprend mieux alors pourquoi les écoulements de surface y sont si peu abondants.
La forêt filtre l’eau naturellement
Les sols forestiers, qui échappent aux pollutions de toutes sortes et aux tassements de terrain provoqués par les activités agricoles ou industrielles, présentent une très forte capacité de filtrage. L’eau qui n’est pas utilisée par la végétation gagne peu à peu les nappes phréatiques où elle peut être captée et distribuée sans traitement particulier : en Suisse, 40 % de l’eau potable des usagers proviennent ainsi d’installations de captage situées dans des zones boisées. Dans ce cas, le corollaire en est que la protection de l’eau doit avoir la priorité sur toute autre utilisation de l’espace forestier.
La forêt fait faire des économies aux services des eaux
Puisqu’elle ne demande aucun traitement - contrairement aux eaux pompées dans les nappes phréatiques des zones agricoles, industrielles et urbaines - l’eau souterraine provenant de zones forestières permet, en Suisse, de faire des économies à hauteur de quelque 80 millions de francs, selon les calculs faits par la Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux, organisation faîtière des distributeurs d’eau.
La forêt, une protection contre l’érosion et les crues
On sait depuis fort longtemps que les forêts, au travers de leurs enchevêtrements de racines, stabilisent les sols et permettent de prévenir, partiellement du moins, les fortes érosions, chutes de pierres, coulées de boues, glissements de terrain, avalanches, etc. Leur grande capacité de rétention des eaux offre également une certaine protection contre les crues. Mais ce constat général doit être relativisé dans les cas notamment de précipitations très intenses ou prolongées et ne peut faire abstraction d’autres paramètres locaux comme la topographie, la nature des sols, le type de couverture boisée ou encore son stade de développement.
Un problème : l’afflux d’azote
Depuis un demi-siècle, on constate dans les forêts, de par l’augmentation du trafic routier et certaines pratiques agricoles, un apport excessif de composés azotés de l’atmosphère. Aujourd’hui, les précipitations déposent dans les zones boisées de 20 à 40 kg d’azote par hectare et par an, c’est-à-dire trois fois plus que dans les années 1950. La conséquence à long terme, c’est que cette pollution déséquilibre l’approvisionnement des arbres en éléments nutritifs et affaiblit le système racinaire. Du coup les forêts deviennent beaucoup moins résistantes aux tempêtes, à la sécheresse, aux maladies et aux parasites. L’acidification des sols forestiers accroît par ailleurs la concentration d’autres substances chimiques indésirables, telles les nitrates, dans les eaux d’infiltration et les eaux de ruissellement.
L’importance d’une bonne gestion forestière
Une eau souterraine de qualité, dit-on à l’Office fédéral de l’environnement, n’est pas un simple sous-produit appréciable de la forêt, elle réclame ici et là des pratiques de gestion et des mesures de protection adéquates : il faut d’un côté prendre en compte différents paramètres propres à une sylviculture durable (choix des espèces végétales, âge des arbres, type d’entretien, de récolte et de reboisement, etc.), et d’un autre côté faire la part des choses entre les divers enjeux et intérêts économiques (l’exploitation du bois), sociaux (de santé publique, notamment) et environnementaux (la protection des ressources naturelles). Ce qui ne va pas non plus sans conséquences financières.
Précision non négligeable : la loi suisse sur les forêts stipule que « l’aire forestière ne doit pas être diminuée » et que, sauf dérogations exceptionnelles, « les défrichements sont interdits », ce qui exclut tout changement d’affectation des sols forestiers et garantit une protection des eaux à long terme.
Fiche rédigée sur la base de la documentation
de l’Office fédéral de l’environnement
– Voir aussi l’article aqueduc.info :
Eau potable : le rôle protecteur des forêts