La Jordanie fait partie de l’une des régions les plus arides de la planète. Le rapport mondial 2012 des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau notait qu’avec ses 682 millions de mètres cubes annuels renouvelables (pour quelque 6,3 millions d’habitants, soit 108 m3 par an et par habitant), ce pays se situe largement en-dessous de la barre de la pénurie (1’000 m3). La demande en eau ne cesse par ailleurs de croître, comme partout, et la situation s’aggrave du fait de l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés syriens.
Alors que la plus grande partie de ses pluies s’évapore et qu’il ne possède pas de lac naturel (28 lacs de barrages ont cependant été construits entre 1950 et 2008), il dépend d’abord de cours d’eau transfrontières, tel le Jourdain, qu’il partage avec ses voisins, Israël en particulier, avec qui il a conclu un accord en 1994.
Les ressources hydriques souterraines renouvelables sont quant à elles surexploitées : les Jordaniens y prélèvent chaque année deux fois plus que sa capacité de recharge naturelle. D’où l’absolue nécessité de trouver d’autres sources d’approvisionnement en eau et la mise en œuvre de projets comme ceux de l’aquifère de Disi et du canal entre la Mer Rouge et la Mer Morte.
Selon la presse jordanienne, le projet Disi, réalisé en 4 ans par une société turque (Gama Energy), a nécessité le forage de 64 puits, dont 55 qui seront progressivement mis en activité pour la production d’eau et les 9 autres pour la mesure du niveau d’eau de l’aquifère. L’eau est ensuite acheminée vers Amman par un aqueduc de 325 kilomètres et plusieurs stations-relais. L’ensemble des aménagements devrait à terme couvrir un cinquième au moins des besoins actuels de la Jordanie en eau potable.
Mais le projet n’est pas sans questions. D’abord parce qu’il va pomper de l’eau dans une nappe souterraine fossile non renouvelable. Ensuite parce qu’une étude menée il y a quelques années par l’université de Duke, aux États-Unis, avait révélé que l’eau de Disi contenait 20 fois plus d’éléments radioactifs que ce que définissent les normes standard de sécurité sanitaire.
Le gouvernement jordanien a estimé pour sa part que la radioactivité constatée à Disi n’y était pas plus importante que dans beaucoup d’autres aquifères de la planète, mais il a toutefois décidé de mélanger cette eau avec celle d’autres pompages et installations de traitement et de production. (Source : agences et presse jordanienne)