On en sait un peu plus sur le "plan national eau" que la France entend adopter pour lutter contre la sécheresse et anticiper ces événements extrêmes de plus en plus fréquents en raison du changement climatique. La présentation de ce programme élaboré après de nombreuses consultations était attendue en début d’année 2023 mais elle a été reportée de plusieurs semaines, le temps, dit-on, de procéder encore à quelques arbitrages. Mais le ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu, en a d’ores et déjà révélé quelques points-clés dans une interview publiée par le quotidien Le Parisien le 24 janvier et dans laquelle il explique "vouloir agir pour améliorer la quantité et la qualité de l’eau disponible, ainsi que la gestion des crises après la sécheresse historique enregistrée en France à l’été 2022".
L’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début du XXe siècle. Dans son bilan climatique annuel, Météo France [1] note que les températures ont été supérieures à la normale la majeure partie de l’année ; que la température annuelle moyenne a atteint 14.5 °C, soit 1.6 °C de plus que la normale, ce qui classe 2022 au premier rang des années les plus chaudes depuis le début des mesures en 1900 ; et qu’avec un déficit pluviométrique moyen proche de 25 %, 2022 a quasiment égalé les bas niveaux de l’année 1989, la moins arrosée depuis 1959.
Écowatt de l’eau, lutte contre les fuites, réutilisation des eaux usées
Avec les principales mesures de réduction de consommation d’eau et de lutte contre le gaspillage qu’il préconise, le Ministère français de la Transition écologique a pour objectif de "diminuer d’un peu plus de 10 % le volume d’eau prélevée dans nos sous-sols d’ici la fin du quinquennat. Soit une baisse de 4 milliards de mètres cubes sur un total de 33 captés chaque année". Il étudie pour cela l’instauration d’une forme d’Écowatt de l’eau, sur le modèle de l’application ÉcoWatt récemment mis en place pour anticiper les baisses d’approvisionnement en électricité et pour inciter les usagers à modifier leurs comportements de consommation.
Le gouvernement français entend aussi s’attaquer aux points noirs des réseaux de distribution, c’est-à-dire aux fuites qui chaque année font perdre au pays près d’un milliard de mètres cubes d’eau, soit environ 20 % du volume de l’eau potable. Cela implique notamment de mieux accompagner les petites collectivités : "on ne peut pas garder des communes qui gèrent seules la compétence eau potable, explique Christophe Béchu. L’objectif d’installer la gestion de l’eau en intercommunalités en 2026 doit être tenu".
Ce plan anti-sécheresse, qui prévoit une amélioration des systèmes d’alerte en cas de sécheresse, prône également une plus grande réutilisation des eaux usées. Sur les quelque 33’000 stations d’épuration que compte la France, 77 seulement sont équipées d’un système de recyclage complet. Autrement dit, constate le ministre, 1% seulement de tout ce qui part dans les éviers est réutilisé. C’est 10 fois moins qu’en Italie et 20 fois moins qu’en Espagne. (bw)
