Mao Zedong, en son temps, avait lancé l’idée d’aller chercher de l’eau dans le sud du pays pour en faire bénéficier le nord. Cela s’est par la suite concrétisé dans un projet comportant trois itinéraires : celui de l’est, qui bénéficie du Grand canal reliant depuis des siècles Pékin à Hangzhou sur près de 1800 km, est opérationnel depuis 2013 ; celui de l’ouest, qui prévoit de détourner des eaux du cours supérieur du Yangtsé, pourrait ne jamais voir le jour en raison de la démesure des ouvrages qu’il nécessiterait ; celui du centre, qui vient donc d’être mis en service, achemine de l’eau depuis le réservoir de Danjiangkou, dans la province du Hubei, vers les provinces du Henan et du Hebei, et les villes de Pékin et Tianjin, grâce à un système assez complexe de canaux et canalisations.
Selon la presse chinoise, quelque 33 milliards de dollars auraient été investis dans la construction de cet ouvrage central qui aura demandé onze ans de travaux et provoqué le déplacement et le relogement de plus de 330’000 personnes dont nombre d’entre elles attendraient toujours les dédommagements promis.
Dans le monde scientifique, les avis semblent partagés quant aux possibles conséquences écologiques de ces transferts d’eau massifs, notamment en termes d’impacts climatiques dans les régions du sud (baisse de la pluviosité notamment) et de qualité des ressources en eau menacées par la pollution des rivières et des sols. (Sources : agences et presse chinoise)
P.S. 28 janvier 2005
Un film : Sud Eau Nord Déplacer
Le Nan Shui Bei Diao - Sud Eau Nord Déplacer - est le plus gros projet de transfert d’eau au monde, entre le sud et le nord de la Chine. Sur les traces de ce chantier national, le film du réalisateur français Antoine Boutet, sorti sur les écrans le 28 janvier 2015, dresse la cartographie mouvementée d’un territoire d’ingénieur où le ciment bat les plaines, les fleuves quittent leur lit, les déserts deviennent forêts, où peu à peu des voix s’élèvent, réclamant justice et droit à la parole. Tandis que la matière se décompose et que les individus s’alarment, un paysage de science-fiction, contre nature, se recompose.