En 2013, pour la troisième année consécutive, une vingtaine de laboratoires européens se sont lancés le temps d’une semaine dans l’analyse des résidus de cocaïne, d’amphétamines, de méthamphétamines et d’ecstasy dans les eaux usées urbaines. Les résultats de ces travaux, auxquels participait l’Institut suisse de recherche sur l’eau (Eawag), viennent d’être publiés dans la revue Addiction (*).
Forte consommation de cocaïne à Zurich
En ce qui concerne la cocaïne et pour la semaine prise en compte, Zurich arrive en troisième position derrière Anvers et Amsterdam. Au regard des estimations en matière de pureté et de métabolisme, la consommation de Zurich est estimée à 1,6 kg par jour. A l’exception de Berne, les autres villes suisses – Bâle, Genève et Saint-Gall - se situent au-dessus de la moyenne européenne. Toutefois les analyses effectuées ne permettent pas de dire si ces résultats sont dus à une plus grande pureté de la cocaïne en Suisse, à une plus forte consommation par personne ou à un plus grand nombre de consommateurs.
Ecstasy, la drogue du samedi soir
L’analyse des eaux usées permet de suivre l’évolution de la consommation dans le temps. Sous cet angle, il apparaît assez logiquement que la consommation d’ecstasy (la drogue par excellence des milieux festifs) varie fortement entre les jours de semaine et le week-end. La différence entre jours ouvrables et jours chômés est moins marquée dans la statistique concernant la cocaïne même si elle est aussi consommée quotidiennement par ceux qui en sont dépendants. À noter que les analyses effectuées en Suisse, compte tenu des exigences très sévères fixées aux laboratoires, étaient insuffisantes pour tirer des enseignements fiables en matière de consommation de cannabis.
Pour un suivi plus précis
de la consommation de drogues
Ces divers résultats permettent d’évaluer la consommation globale de drogue dans les grandes villes (mais pas le nombre de consommateurs). Le plus important cependant, note Christoph Ort, ingénieur à l’Eawag et premier auteur de l’étude, n’est pas de procéder à un classement des villes, mais d’obtenir, grâce à l’analyse des eaux usées, des données comparables bien plus rapidement et plus fréquemment qu’avec les programmes nationaux de surveillance de la toxicomanie. En les combinant aux résultats d’autres études et statistiques, cette manière de faire est intéressante pour détecter de nouvelles tendances ou de vérifier d’autres constats. (Source : Eawag)
(1) Christoph Ort (Eawag), Alexander L.N. van Nuijs (Université d’Anvers) et al., "Spatial differences and temporal changes in illicit drug use in Europe quantified by wastewater analysis", Society for the Study of Addiction, 2014. Voir le document >