Le souhait de l’Université de Genève, nous disait (*) au printemps 2015 Géraldine Pflieger, Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences de l’environnement, était d’obtenir une Chaire UNESCO non seulement pour la gouvernance de l’eau, mais aussi pour la globalité des relations politiques - locales, internationales, régionales - autour des ressources en eau.
Jusqu’à présent aucune Chaire UNESCO n’était dédiée spécifiquement aux géopolitiques de l’eau. Le sujet est pourtant d’une grande actualité : "certes les conflits entre États autour de l’eau sont très médiatisés, expliquait alors celle qui prend la direction de cette nouvelle entité académique, mais il existe aussi de nombreux micro-conflits entre des individus, des collectivités ou des régions. On a sans doute beaucoup de leçons à tirer des analyses des situations à petite échelle pour comprendre ce qui se passe sur des zones plus vastes, et réciproquement. Une Chaire UNESCO, c’est un label d’excellence qui peut nous apporter beaucoup en termes de visibilité et de reconnaissance, mais qui nous stimulera et nous obligera aussi à travailler toujours mieux et à trouver les ressources humaines et financières qui nous permettront de lancer de nouveaux projets de recherche."
La chaire viendra renforcer les activités des nombreux chercheurs de l’UNIGE qui travaillent déjà sur des thématiques liées aux ressources en eau, que ce soit à l’Institut Forel, à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), dans le cadre de la Plateforme pour le droit international de l’eau douce, du projet GOUVRHONE, mené à l’ISE et au Département de science politique et relations internationales, ou de la composante « recherche et éducation » au sein du Pôle Eau Genève.
En capitalisant sur les compétences genevoises en limnologie, physique aquatique, climatologie, droit et gouvernance de l’eau, la Chaire UNESCO permettra de mieux comprendre les enjeux politiques de l’eau. Concrètement, il s’agira de développer des programmes d’enseignement et de recherche traitant des dimensions politiques et institutionnelles de la gestion de l’eau, en se concentrant sur les rivalités d’usage et les défis que pose la résolution des conflits à l’échelle locale, régionale et internationale. L’objectif est de construire des ponts entre la science et la politique afin de favoriser une prise de décision scientifiquement fondée.
La nouvelle Chaire combinera les activités de l’équipe de la professeure Géraldine Pflieger - à l’ISE et au Département de science politique et relations internationales - et de Christian Bréthaut, responsable de la composante Recherche et éducation du Pôle Eau Genève. Elle s’appuiera également sur le soutien de plusieurs universités à travers le monde, telles que l’Université de Dehli (Inde), l’Université du Caire (Egypte) ou l’Université nationale australienne. L’initiative bénéficie également d’un fort soutien du Programme Global Initiatives Eau de la Direction de développement et de coopération de la Confédération suisse. (Source : Université de Genève)
(*) Voir l’interview aqueduc.info du 4 février 2015
:: Les Chaires UNESCO
Le label Chaire UNESCO désigne des espaces d’enseignement supérieur reconnus par cette agence onusienne comme des « pôles d’excellence » regroupant dans un espace défini diverses entités de type universitaire travaillant en synergie autour de « projets communs au caractère innovant » dans les domaines de compétence de l’organisation internationale, à savoir : l’éducation, la science, la culture, la communication et l’information.
Bon nombre de ces pôles d’excellence sont également associés à l’un ou l’autre de la cinquantaine de réseaux UNITWIN mis en place par l’UNESCO pour promouvoir la coopération internationale et le partage des savoirs entre universités.
Début 2015, 653 institutions bénéficiaient du label Chaire UNESCO dans 120 pays, dont 35 dans le domaine de l’eau, notamment en matière d’hydrologie et d’hydrogéologie, de protection et de gestion durable des ressources aquatiques, de participation des femmes aux décisions pour l’accès à l’eau potable, etc.
En Suisse, quatre établissements universitaires s’étaient vu attribuer jusqu’à présent le label Chaire UNESCO : Fribourg (droits de l’homme et de la démocratie), l’EPF Lausanne (technologies en faveur du développement), Genève (droit international de la protection des biens culturels) et Lugano (développement et promotion du tourisme durable dans les sites du patrimoine mondial).