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2003.

L’Eplattenier, un peintre sur la ligne de partage des eaux

Quand on se penche, comme le fait le Musée des Beaux-Arts de La (...)

Quand on se penche, comme le fait le Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds, sur les images de l’eau dans les œuvres d’artistes chaux-de-fonniers des 19e et 20e siècles, force est de constater que les plus connus d’entre eux - Léopold Robert, Charles L’Eplattenier et Le Corbusier - non seulement ont cherché cette eau mais y ont même trouvé la mort, d’une manière ou d’une autre : l’un à Venise, l’autre dans les Côtes du Doubs, le troisième en Méditerranée. On se limitera ici au seul Charles L’Eplattenier (1874-1946) et aux paragraphes que lui consacre le conservateur du Musée, Edmond Charrière*.

" Se tenant, au propre et au figuré, sur la ligne de partage des eaux, les eaux vues et les eaux rêvées, les eaux d’ici et les eaux d’ailleurs, les eaux de surface et les eaux profondes, il (Charles L’Eplattenier) réalise l’union ou l’équilibre des expériences et des spectacles, qui fonde l’idée même de l’imagination matérielle, telle que l’a formulée Bachelard.

"On rêve avant de contempler. Avant d’être un spectacle conscient, tout paysage est une expérience onirique. On ne regarde avec une passion esthétique que les paysages que l’on a d’abord vus en rêve" (Gaston Bachelard, L’eau et les rêves).

L’une des images de l’eau récurrente dans l’œuvre de L’Eplattenier est celle du miroir - celui des mares, des marais, des emposieux, ou des bassins du Doubs - non pas tant le miroir que la nature tend à Narcisse, que celui du monde, dans lequel elle se reflète.

"Le lac est le grand œil tranquille. Le lac prend toute la lumière et en fait un monde. Par lui, déjà, le monde est contemplé, le monde est représenté (…) L’œil véritable de la terre, c’est l’eau. Dans nos yeux, c’est l’eau qui rêve." (Bachelard, ibidem)

Il y a, dans ce narcissisme cosmique de l’Eplattenier, un écho certain du parallélisme hodlerien, mais aussi cette métaphore récurrente de la peinture, comme reflet et donc représentation du monde.

D’autres images, plus profondes peut-être, hantent les tableaux du maître ; l’eau bloquée, réduite au silence, figée dans son écoulement, dans sa liquidité, comme le magnifique Saut du Doubs en hiver, de 1914 ; du Saut encore, les eaux dynamiques, violentes, écumantes, masculines ; l’eau virginale et pure de la Jeune fille au bain ; et cette mince coulée d’ombre, cette faille humide entre les masses puissantes des roches, le Doubs toujours, comme un vertige, comme une mémoire ou une promesse, comme l’une des sources probables, assurément, de cette ligne ondoyante de l’Art nouveau, dont L’Eplattenier fut l’initiateur à l’Êcole d’Art de La Chaux-de-Fonds.

Il y a enfin ce bateau vide sur la grève, au pied d’une grotte, signe rouge dont l’ambivalence est manifeste : présence invisible mais désirante de l’artiste en dieu Pan - L’Eplattenier portait le bouc - ou prémonition sanglante du voyage arrivé à son terme, dans la chute. "




Infos complémentaires

Référence

* Texte extrait de
"Cette eau qui mène la vie ailleurs,
Images de l’eau dans la peinture chaux-de-fonnière",

par Edmond Charrière, conservateur du Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds.

Dans " Point(s) d’eau",
édité par la Direction des Affaires culturelles de la Ville de La Chaux-de-Fonds,
mars 2003, pages 131-145


Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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