Dans un communiqué conjoint, le Canton de Genève et la Préfecture du département français de l’Ain font savoir qu’un groupe de travail transfrontalier a été mis en place pour piloter la procédure administrative préalable à cette opération complexe. Pour assurer à la fois la sécurité des populations riveraines en cas de crue et la meilleure gestion possible à long terme des barrages suisses et français sur le Rhône, il importe en effet de nettoyer régulièrement les retenues de leurs sédiments charriés, ce qui nécessite d’amont en aval une coordination des opérations de vidange.
La chasse du barrage de Verbois, exploité par les Services Industriels de Genève, doit nécessairement s’accompagner de mesures visant à atténuer ses effets en aval et à en faciliter l’écoulement sur le cours du Rhône français, à travers notamment les ouvrages de la Société des forces motrices de Chancy-Pougny et de la Compagnie nationale du Rhône. Une nouvelle vidange était planifiée pour le mois de juin 2010.
Mais, entre temps, la législation européenne a évolué dans le sens d’une plus grande consultation des parties prenantes et d’une plus grande vigilance à accorder aux impacts environnementaux. Les procédures administratives n’ayant pu être encore menées dans leur totalité, la décision a été prise de reporter l’opération de manière à poursuivre en bonne et due forme les enquêtes et consultations publiques. Les autorisations de chasses pourraient alors être délivrées par les autorités suisses et françaises en fin d’année 2011 et permettre de procéder aux opérations de vidanges au printemps 2012.
Un vrai dilemme
Chaque année, 400’000 m3 de sédiments, charriés essentiellement par l’Arve et en provenance des massifs du Mont-Blanc, se déposent dans le lit du Rhône dès le confluent situé aux abords immédiats de la ville de Genève et jusqu’au barrage de Verbois une dizaine de kilomètres plus loin. Depuis la mise en eau du barrage en 1942 et jusqu’en 2003, une vingtaine d’opérations de chasse ont été réalisées à une fréquence généralement trisannuelle.
L’opération consiste à ouvrir les vannes pour vider la retenue d’eau et évacuer ainsi les graviers, limons et autres sédiments. Ceux-ci, en s’accumulant dans le lit du Rhône, accroissent les risques de débordements en cas de crues, ce qui représente un danger pour les riverains.
Les opérations de chasse contribuent de surcroît à la recharge sédimentaire du Rhône, les ouvrages hydrauliques valorisant le potentiel énergétique du fleuve limitant en effet l’écoulement naturel des sédiments.
Mais les chasses provoquent d’importants dégâts au milieu fluvial : effondrements de rives et de roselières, assèchement des plantes aquatiques habituellement submergées, disparition de nids de colverts, grèbes, foulques et autres oiseaux emportés par le courant, poissons irrémédiablement entraînés vers l’aval et disparition de leurs zones de reproduction, etc.
Autant d’arguments qui avaient permis aux pêcheurs genevois d’obtenir un moratoire sur ces chasses dans l’espoir que cette pratique soit définitivement abandonnée. En attendant, le dilemme reste encore et toujours sans réponse immédiate et concrète : comment concilier respect de la nature et production d’électricité ? (Source : Canton de Genève)
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