Le rapport – qui se concentre principalement sur les questions techniques et n’aborde pas directement les questions relevant des sciences humaines, sociales et économiques – est essentiellement orienté sur les problèmes de ressources en eau, de production alimentaire, d’écosystèmes et de qualité de l’eau, en particulier de l’eau potable, et de risques d’inondation.
Ses auteurs estiment que la répartition inégale de l’eau obligera à des choix techniques et géopolitiques encore mal appréhendés, faute de volonté politique et de moyens adéquats. Ils relèvent en particulier trois grandes sources de problèmes qui n’auront de conséquences inéluctables que si on les anticipe et qu’on en contrecarre le développement, à savoir :
– les changements démographiques, qui vont vraisemblablement faire croître la population de 6 à 9 milliards d’être humains d’ici 2050 et faire passer le taux d’urbanisation de 50 % à 80 %. L’accès à l’eau - production alimentaire, adduction d’eau potable et assainissement – est au cœur de la menace
– les changements technologiques et socio-économiques, qui, par-delà leurs effets positifs, peuvent avoir aussi de graves conséquences sur le cycle ou l’utilisation des eaux, notamment par le rejet polluant de produits et de constituants nouveaux.
– les changements climatiques liés aux émissions de gaz à effets de serre, qui auront une incidence progressive sur les situations moyennes, mais agiront aussi sur les événements extrêmes (crues, sécheresse) dont les fréquences sont susceptibles de varier notablement.
"On ne manquera jamais d’eau", dit Ghislain de Marsily, membre de l’Académie des Sciences, et directeur du rapport sur "Les eaux continentales" de cet institut. Mais son diagnostic sur la gestion de l’eau à long terme est beaucoup plus sévère : il dénonce aussi bien la faiblesse des données sur les richesses en eau que l’absence de réflexion sur l’avenir des écosystèmes et, surtout, sur la disponibilité de cet élément pour l’agriculture dans les différentes régions du monde.
D’où la nécessité, affirmée en conclusion de l’avant-propos du rapport de l’Académie des Sciences, "de développer de toute urgence les disciplines écologiques et, en particulier, une écologie capable de modéliser les conséquences du réchauffement climatique, ce qui permettrait de mieux tirer profit des eaux continentales, clef de voûte de la satisfaction des besoins alimentaires et de l’amélioration de la santé humaine sur la planète".
"Les eaux continentales"
Rapport sur la science et la technologie n°25, sous la direction de Ghislain de Marsily
Éditions EDP Sciences - Septembre 2006