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octobre 2007.

Dictionnaire de la pluie

PATRICK BOMAN N’écoutez pas ceux qui médisent et ont peur de se (...)

PATRICK BOMAN
N’écoutez pas ceux qui médisent et ont peur de se mouiller la couenne

De toute évidence, Patrick Boman, grand voyageur quand il ne révise pas les pages d’un grand hebdomadaire français, s’est fait grand plaisir, et le nôtre, de cataloguer ses notes de lecture et de journal de route pour en sortir un dictionnaire du genre imprévisible. Comme souvent la météo. Pleut-il ? La belle affaire, dit-il ! Oublions les parapluies, courons nus sur la lande, jouissons enfin ! Et si nécessaire, séchons-nous !

De A à Z, sans oublier la moindre lettre-chapitre, de Acholi à Zuñi, autrement dit des ethnies de l’Uganda et du Soudan aux tribus indiennes du Nouveau-Mexique et de l’Arizona, ce faiseur d’averses alphabétiques nous gratifie ainsi de plus de 380 articles en tous genres, où se côtoient allègrement mythes et dictons paysans, notices ethnographiques et citations poétiques, calendriers religieux et rituels païens.

Patrick Boman hait forcément le parapluie, « Pouah ! la laide chose, et qui n’a jamais protégé quiconque des gouttes ! ». Mais se met à genoux bien sûr, pour les adorer, les moulues, gibasses, ragasses et autres batresses qui arrosent le vocabulaire de la France profonde, autant que les « pissing rains » irlandaises.

Au besoin, on l’imagine aisément implorer les dieux pour qu’averses tombent. Avec peut-être, en tête, cette image rapportée jadis de l’Ouest australien, où « les indigènes arrachent les poils de leurs aisselles et de leurs cuisses, et les soufflent dans la direction d’où ils souhaitent que la pluie vienne » !

Ou, politiquement plus correct, méditant sur cette « Pluie à Belle-Île » peinte par Claude Monet et dont Maupassant aurait dit que l’artiste, un jour, avait pris à pleines mains une averse abattue sur la mer et l’avait jetée sur la toile : « Et c’était bien de la pluie qu’il avait peinte ainsi, rien que de la pluie voilant les vagues, les roches et le ciel, à peine distincts sous ce déluge ».

Un livre à garder précieusement pour divertir ses après-midi de giboulées printanières. Ou inonder son imagination durant les étés de canicule.

Bernard Weissbrodt


Patrick Boman
« Dictionnaire de la pluie »
Editions du Seuil, Paris, 2007, 386 pages.
Illustrations de Romain Slocombe




Infos complémentaires

:: Écoute-s’il-Pleut

« Sujet subtil et déroutant que celui des écoute-s’il-pleut, avec et sans majuscule. D’après le dictionnaire de l’Académie française (édition de 1835), « un écoute-s’il-pleut se dit d’un moulin qui ne va que par des écluses », donc soumis à tous les aléas. Ecoute s’il peut pour savoir si la roue tournera et si tu gagneras ta journée. Au figuré, selon le même ouvrage, « se dit d’un homme faible qui se laisse arrêter par les moindres obstacles. On le dit aussi d’une promesse illusoire […], d’une espérance très incertaine ». De nos jours, en Wallonie, l’expression permet d’éluder une question indiscrète ou d’éloigner un fâcheux, et elle désigne des endroits reculés. Ce qui nous amène à la toponymie. Un certain nombre de lieux-dits Écoute-s’il-Pleut sont connus – vingt-deux seraient répertoriés par l’IGN » [red. l’Institut géographique national français].

  • Extrait du « Dictionnaire de la pluie », de Patrick Boman, page 129.

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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