Depuis la fin du petit âge glaciaire vers le milieu du 19e siècle, les Alpes suisses ont vu naître quelque 1’200 nouveaux lacs et le rythme de leurs apparitions s’accélère : entre 2006 et 2016, ce sont 18 nouveaux lacs qui en moyenne se sont formés chaque année. Aujourd’hui il en existe encore près d’un millier. C’est ce que montre un nouvel inventaire réalisé par un groupe de recherche de l’Institut fédéral des sciences et technologies de l’eau (Eawag), de l’Université de Zurich et de l’Office fédéral de l’environnement.
Lorsque dans les Alpes un glacier se retire, il laisse un paysage dénudé fait de dépressions qu’il a lui-même creusées et d’amas rocheux ou autres qui créent des barrages naturels. Ces bassins se remplissent alors d’eaux de fonte et donnent naissance à de nouveaux lacs glaciaires.
Dans l’inventaire qu’elle a pu dresser grâce aux photos aériennes fournies par Swisstopo et aux bases de données constituées depuis le milieu du 19e siècle (entre autres la célèbre carte Dufour réalisée entre 1845 et 1865, et les images aériennes prises en 1946 par des avions américains survolant le territoire suisse avec l’aval des autorités fédérales), l’équipe de chercheurs et chercheuses qui vient de publier les résultats de son travail [1] est arrivée à la conclusion que quelque 1’200 nouveaux lacs ont fait leur apparition dans les anciennes régions glaciaires des Alpes suisses au cours des 170 dernières années.
La formation de ces lacs glaciaires a connu un premier pic entre 1946 et 1973 (8 nouveaux lacs par an en moyenne). Après une période d’accalmie, ce rythme s’est accéléré pour passer à une moyenne de 18 nouveaux lacs en moyenne annuelle entre 2006 et 2016. À ce moment-là, les lacs glaciaires suisses recouvraient une superficie d’environ 620 hectares et cette surface augmente chaque année de plus de 150’000 mètres carrés. On notera toutefois que plus de 90 pour cent de ces lacs, qui témoignent de l’actuel réchauffement climatique, ont une surface inférieure à un hectare et que près d’un quart d’entre eux a rétréci ou parfois complètement disparu.
Ces phénomènes naturels, parfois spectaculaires, peuvent devenir de véritables attractions touristiques et l’extension artificielle des lacs alpins ouvre de nouvelles perspectives en matière de production d’énergie hydroélectrique. Mais la multiplication de ces lacs glaciaires accroît aussi les risques, telles des vidanges soudaines en cas de rupture des barrages naturels. Les données que les chercheurs ont rassemblées sur chacun des 1’200 lacs recensés devraient désormais permettre de mieux évaluer ces nouveaux dangers potentiels. (Source : Eawag)