Le projet “Changement climatique et hydrologie en Suisse” (CCHydro) avait pour objectif d’élaborer des scénarios liés au cycle de l’eau et aux débits pour les périodes autour de 2035 et de 2085. L’Office fédéral de l’environnement s’est plus particulièrement intéressé aux changements prévisibles d’ici la fin du siècle dans le domaine des régimes hydrologiques, des risques de crue et d’étiage, et des températures des eaux.
– Légère baisse des débits à long terme : au cours des vingt prochaines années, le niveau annuel des ressources en eau de Suisse ne va guère se modifier. A long terme, les ressources en eau disponibles baisseront légèrement, mais le régime d’écoulement va changer dans presque tout le pays. Vers la fin du siècle, la grande majorité des bassins versants à régime glacio-nival auront disparu. Les régimes des petits bassins versants seront marqués d’un caractère méridional toujours plus accentué. Sur le Plateau, un régime dit "pluvial de transition" se distinguera par un débit minimal marqué en août et par deux maxima en janvier et mars. Dans de nombreuses régions, les débits seront nettement plus importants en hiver et moindres en été.
– Diminution des réserves d’eau de fonte : la hausse de la température provoquera une élévation de la limite des chutes de neige et une diminution de la superficie enneigée, de l’épaisseur du manteau neigeux et de sa persistance, et donc aussi des réserves d’eau de fonte : une part toujours plus importante des précipitations s’écoulera immédiatement, surtout en hiver. La fonte progressive des glaciers va induire des écoulements supplémentaires dans les bassins versants des Alpes, mais sur une période relativement limitée. Car d’ici à 2100, il ne restera que 30% du volume de glace actuel, principalement dans le bassin versant du Rhône.
– Modification prévisible des précipitations : la tendance déjà constatée d’une légère augmentation des précipitations va se confirmer : elles seront à peine plus fréquentes au nord, mais se feront un peu plus rares au sud du pays. Les deux versants des Alpes enregistreront une nette redistribution de ces précipitations : elles diminueront fortement en été (- 20 %) et augmenteront le reste de l’année (sauf au printemps dans le sud). Cela renforcera l’impact sur les débits des changements observés dans les réservoirs (neige, glace) suite à la hausse de la température. En hiver, il y aura plus de précipitations liquides, et en été, nettement moins de pluies et d’eaux de fonte. Les sécheresses seront plus fréquentes et dureront plus longtemps.
– Restent de nombreuses incertitudes : les chercheurs reconnaissent toutefois qu’il est quasiment impossible actuellement d’émettre des prévisions fiables quant aux épisodes de fortes précipitations et que les scénarios liés aux émissions de gaz à effet de serre et aux changements climatiques présentent de grandes incertitudes, notamment en ce qui concerne la hausse de la température. Les études doivent être poursuivies, mais les incertitudes actuelles ont déjà été prises en compte dans les modélisations hydrologiques et il est donc nécessaire de prendre d’ores et déjà un certain nombre de mesures d’adaptation, entre autres :
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- mieux se protéger contre les crues,
- prévenir les conflits possibles entre les différents utilisateurs des ressources en eau,
- examiner les règlementations relatives à des domaines comme le déversement d’eaux de refroidissement et d’eaux usées, les débits résiduels des ouvrages hydrauliques, la régulation des lacs ou la navigation sur le Rhin,
- aménager des réservoirs supplémentaires et à usages multiples,
- préserver les écosystèmes des cours d’eau, etc. (Source : OFEV)
– Un bref résumé du rapport de synthèse sur les impacts des changements climatiques sur les eaux et les ressources en eau est disponible sur le site de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV)