Les chercheurs, se basant sur les résultats d’un premier rapport, de 2011, sur l’évolution des températures et des précipitations, ont poursuivi leur travail et tenté de quantifier les conséquences possibles des changements climatiques en Suisse en utilisant les derniers outils scientifiques disponibles et en confrontant leurs données avec les modèles d’évolution les plus récents.
Ils se sont intéressés aux impacts de ces mutations dans différents domaines tels que l’évolution des glaciers et des régimes hydrologiques, la biodiversité, les forêts, l’agriculture, la consommation d’énergie et la santé. L’image qui en résulte est globalement négative, du moins à long terme et dans la seconde partie du 21e siècle. Mais, précisent-ils, "certains effets indésirables peuvent aussi être réduits ou même transformés en avantage si on les gère de manière appropriée". Autrement dit, il importe de les anticiper autant que possible.
Les glaciers reculent, les régimes hydrologiques évoluent. S’agissant du chapitre consacré aux conséquences hydrologiques des changements climatiques, le rapport "CH2014-Impacts" conclut, selon les scénarios, à une probable disparition de la quasi-totalité des glaciers d’ici à la fin du siècle.
Les stations de ski doivent s’attendre à ce que la durée de la saison propice aux sports d’hiver soit raccourcie. Le recours à l’enneigement artificiel pourra toutefois atténuer sensiblement ces variations climatiques, à condition que ces stations disposent de ressources naturelles et financières suffisantes. En plaine, et plus particulièrement sur le Plateau suisse, il sera relativement rare de voir une couverture neigeuse se maintenir durant plusieurs jours.
Les bassins versants peu concernés par la fonte des glaciers vont quant à eux connaître de fortes variations de leur régime hydrologique : celui-ci sera moins influencé par la neige et davantage par la pluie, les débits diminueront en été et augmenteront en hiver. Mais, dans le bilan hydrique annuel, les volumes devraient rester plus ou moins constants.
L’évolution climatique fera également monter la température des eaux souterraines, en particulier dans les couches alimentées par les rivières, avec pour conséquence de dégrader la qualité des eaux et de poser des problèmes en matière de protection sanitaire. Mais les modèles étudiés laissent encore planer de fortes incertitudes quant à la marge d’évolution de la température de ces nappes phréatiques.
Gérer les effets du climat devient indispensable.
Dans leurs conclusions, les chercheurs notent d’abord que "certains des effets positifs ne se manifesteront pratiquement que si le réchauffement reste modéré, ce qui montre qu’il est indispensable d’abaisser les émissions de gaz à effet de serre". Il est sans doute trop tard pour éviter que les conséquences négatives de la hausse des températures ne s’accroissent encore au 22e siècle. Ils précisent ensuite que leur rapport n’est qu’une première étape vers des scénarios plus élaborés : "Il reste donc nécessaire de faire avancer sans cesse les études dans ce domaine, tout en améliorant les données sur lesquelles elles se fondent".
– Le rapport "CH2014 – Impacts - Étapes menant à des scénarios quantitatifs concernant les conséquences des changements climatiques en Suisse" est disponible en version intégrale (anglais) ou en résumé (anglais et langues nationales) sur le site www.ch2014-impacts.ch