Les armoiries ? On les disait ringardes, mais elles connaissent aujourd’hui un surplus d’intérêt. En raison, surtout, des fusions de communes contraintes de définir leur nouvelle identité. L’emblème citoyen de toute évidence redevient une référence patrimoniale. Par ailleurs, l’une des tâches prioritaires des municipalités concerne aujourd’hui la bonne gestion des ressources en eau. C’est même elle qui, ici et là, a servi de moteur au regroupement des collectivités publiques.
D’où la question : quelle place l’eau a-t-elle dans les armoiries communales ? On trouvera ici un essai de réponse basé sur un inventaire succinct des blasons des communes de Suisse romande. Et sur une sélection de quelques-unes des histoires d’eaux qu’elles racontent.
Le logo est à la mode. Il permet d’identifier rapidement un produit, une marque, une entreprise, un service, etc. C’est avant tout un outil de communication sociale et de promotion commerciale. Son succès se mesure à la qualité des messages qu’il propose, à sa capacité de persuasion et à la modernité de son graphisme, lequel dépend avant tout de l’imagination de ses créateurs.
Rien de tout cela dans les armoiries dont la fonction primordiale n’est pas de convaincre l’observateur extérieur mais de rassembler les membres d’une famille, d’un groupe, d’une corporation, d’une collectivité publique, etc. autour d’un emblème qui traduit à la fois un enracinement particulier, des valeurs partagées et une communauté de destin.
Contrairement au logo pour lequel ses concepteurs bénéficient généralement d’une grande liberté d’expression, le langage visuel de l’armoirie et celui de son blasonnement (la description littérale de ses différentes composantes) sont extrêmement codifiés et obéissent à des règles graphiques précises. L’héraldique est simultanément une science et un art.
De quelques blasons qui ont des choses
à raconter autour de l’eau
Dans cette recherche d’armoiries communales ayant un lien avec le thème de l’eau, trois principaux critères ont été retenus, à savoir la présence dans le blason et dans sa description officielle de "pièces ondées", c’est-à-dire de figures faites de lignes sinueuses symbolisant un cours d’eau, ou d’objets ("meubles", en termes héraldiques) directement ou indirectement reliés à l’eau (pont, fontaine, roue de moulin, poisson, etc.), ou des indications hydrologiques renvoyant d’une manière ou d’une autre à une relation effective des habitants d’une commune avec la ressource eau.
116 blasons communaux (sur les 742 inventoriés) ont pu être ainsi identifiés comme dignes d’intérêt vus sous l’angle particulier de cette recherche. Dans un deuxième temps, une vingtaine d’entre eux ont été étudiés d’un peu plus près pour tenter - par le biais notamment de l’histoire et de la géographie, de la toponymie et des légendes - de découvrir ce qu’elles nous disent sur les ressources en eau, sur les regards qu’on a pu porter sur elles et sur les usages qu’on a pu en faire au cours des âges. Les résultats, descriptifs et commentaires de cette recherche (qui n’a rien de scientifique) sont rassemblés dans le document "Armoiries, histoires d’eaux" téléchargeable ci-dessous.
Bernard Weissbrodt
- "Armoiries, histoires d’eaux" (PDF, 9 pages).
- Les rouges eaux de Maracon
- À La Brévine : L’eau ferrugineuse, oui !
- Mythique baignade à Bagnes
- Penthalaz : la roue du progrès
- À Chessel, le fleuve rectifié
- Du côté de Riddes, d’une rive à l’autre
- Onnens et sa pince manquante
- Blasons en fusion dans le Clos-du-Doubs
– Annexe 1 : De quelques blasons communaux particuliers
– Annexe 2 : L’héraldique en quelques mots et lliens utiles